Quelque 300 militants anticorrida ont manifesté dimanche dans une ambiance tendue à Rodilhan, petite commune gardoise, devenue le symbole de l'affrontement entre « pro » et « anti » corrida, a constaté une journaliste de l'AFP.

Débutée dans la matinée, la manifestation encadrée par un important dispositif de gendarmerie s'est achevée comme prévu vers 18 h 30, là-bas.

Des gaz lacrymogènes ont été tirés au cours de la journée par les forces de l'ordre afin de faire reculer les manifestants, alors que les accès à la ville avaient été interdits. Selon le Comité radicalement anticorrida (Crac Europe), organisateur du rassemblement, deux manifestants ont été légèrement blessés. Selon la gendarmerie, six manifestants l'ont été.

« Ç'a été très violent, on a été caillassé et on a reçu des boulons », a expliqué à l'AFP le colonel Laurent Haas, commandant du groupement de gendarmeries du Gard, précisant qu'il n'y avait eu aucune interpellation.

Sirènes et sifflets stridents, tambours et casseroles, les participants, qui demandent « l'arrêt des séances de tortures », ont tout fait pour se faire entendre des « afiocs » (terme péjoratif désignant les aficionados) qui, dans l'après-midi, ont assisté à des mises à mort de taureaux.

Munis de masques et foulards pour se protéger des gaz lacrymogènes, les manifestants ont crié « No corrida », « Basta corrida ! » Ils ont brandi un drapeau sur lequel se trouvait une photo de Jean-Pierre Garrigues, président du Crac et bête noire des aficionados, décédé en novembre 2017.

« C'est une guerre... Nous euthanasierons la corrida... Nous sommes là pour combattre, et je ne lâcherai pas », a déclaré Didier Bonnet, nouveau président du Crac.

Jean-Pierre Garrigues, qui avait enseigné à Rodilhan, avait transformé la petite localité gardoise en ville symbole de la lutte entre pro et anticorridas.

Le 8 octobre 2011, des dizaines d'activistes anticorridas s'étaient enchaînés au centre des arènes de cette commune de la périphérie nîmoise en déclenchant des fumigènes rouge sang, avant de scander des slogans le poing levé. Ils avaient été frappés alors qu'ils étaient au sol et avaient été évacués avec brutalité par des adeptes de la corrida.

Des peines allant jusqu'à six mois de prison ferme ont été prononcées le 14 avril 2016 par le tribunal correctionnel de Nîmes contre 17 de ces aficionados, dont le maire Serge Reder, condamné à 2271 dollars d'amende. M. Reder et plusieurs autres condamnés ont fait appel.

En 2017, la corrida d'octobre à Rodilhan avait été annulée.

Dimanche, plusieurs habitants de la petite commune ont fait part de leur « ras-le-bol » face à ce « cirque », certains souhaitant que les corridas soient maintenues, et d'autres, qu'elles cessent.