L'Arabie saoudite renverra son ambassadeur à Berlin, mettant fin à 10 mois de crise déclenchée par les propos d'un ministre allemand sur sa politique au Liban, ont indiqué mardi des sources diplomatiques en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

Riyad avait rappelé son ambassadeur en novembre 2017 pour protester contre des déclarations du ministre allemand des Affaires étrangères d'alors, Sigmar Gabriel, qui avait laissé entendre que le premier ministre libanais démissionnaire Saad Hariri était retenu contre son gré dans la capitale saoudienne.

« Nos relations ont été illustrées ces derniers mois par des malentendus, qui contrastent fortement avec nos liens par ailleurs forts et stratégiques, et nous le regrettons sincèrement », a déclaré le nouveau chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, lors d'un entretien avec son homologue saoudien, Adel al-Jubeir,

à New York.

« Nous aurions dû être plus clairs dans notre communication [...] L'Arabie saoudite joue un rôle important pour la paix et la stabilité dans la région et dans le monde », a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie saoudienne a souligné de son côté le « rôle de leaders des deux pays en matière de sécurité et d'économie internationales », et a invité son homologue à se rendre en Arabie saoudite « dès que possible » pour donner un nouvel élan à leur coopération bilatérale.

L'Arabie saoudite entretient des relations compliquées avec un certain nombre de pays en raison des accusations de violation des droits de la personne, dont elle fait régulièrement l'objet.

Elle a ainsi annoncé en août l'expulsion de l'ambassadeur du Canada, rappelé son propre ambassadeur et gelé tout nouveau commerce ou investissement avec Ottawa, après que ce dernier a dénoncé l'arrestation de militants saoudiens des droits de la personne.

Les puissances occidentales, dont les États-Unis, n'ont alors pas, du moins publiquement, réagi. Des ONG les soupçonnent de faire profil bas pour préserver leurs intérêts commerciaux en Arabie saoudite, avec laquelle nombre d'entre elles ont conclu de juteux contrats d'armements.

En septembre, l'Espagne est ainsi revenue sur sa décision de bloquer une livraison d'armes à Riyad pour préserver sa relation stratégique avec la puissance pétrolière.

Cette décision était intervenue après des bombardements au Yémen de la coalition progouvernementale menée par l'Arabie saoudite ayant tué des dizaines d'enfants.