Un homme ayant des «problèmes psychiatriques importants» a tué sa mère et sa soeur jeudi près de Paris avant d'être abattu par la police, un acte revendiqué par le groupe État islamique (EI), mais dont les autorités tentaient de déterminer s'il était bien terroriste.

De sources proches de l'enquête, l'assaillant âgé de 36 ans a tué sa soeur de 49 ans et sa mère de 71 ans à coups de couteau et a grièvement blessé une troisième personne qui se trouvait entre la vie et la mort jeudi soir.

À leur arrivée, les forces de l'ordre ont vu «deux personnes gisant au sol», a déclaré à Trappes, commune défavorisée à 30 km au sud-ouest de Paris, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

Le trentenaire qui, selon une source policière, criait «Allah Akbar» («Dieu est le plus grand») dans le pavillon où il s'était retranché, «a tué sa mère» avant de sortir de la maison «avec un couteau» et de «continuer à avancer malgré les sommations» des policiers, qui ont donc tiré» et l'ont abattu, a ajouté M. Collomb.

Né à Trappes, l'homme était fiché pour radicalisation religieuse, mais son profil ne suscitait pas une inquiétude particulière des autorités. Condamné en 2003 pour une «infraction militaire», il avait ensuite fait l'objet de trois procédures qui n'avaient «pas donné lieu à poursuites», selon les autorités judiciaires.

Il avait «un problème psychiatrique qui apparaît important», et s'il était «fiché» pour avoir fait «l'apologie du terrorisme» en 2016, il présentait davantage le profil d'un «déséquilibré» que de quelqu'un «d'engagé» pouvant répondre aux «ordres et consignes» d'une «organisation terroriste, et de Daech (acronyme arabe de l'EI, NDLR) en particulier», a ajouté le ministre.

L'attaque a pourtant été rapidement revendiquée par l'EI, qui a affirmé via son organe de propagande que l'assaillant avait répondu aux «appels à cibler des ressortissants des pays de la coalition» militaire menée par les États-Unis qui combat l'EI en Irak et en Syrie, et dont fait partie la France.

Si l'EI a longtemps eu la réputation de ne revendiquer que des attentats qu'il avait organisés ou inspirés, sa fiabilité a été mise en doute par des officiels et experts ces derniers mois après plusieurs revendications douteuses.

«En 2017, nous avons trois exemples de revendications farfelues de la part de l'État islamique», rappelle Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme, interrogé par l'AFP, citant notamment la tuerie de Las Vegas.

«Un mec qui a pété les plombs»

Pour l'instant, le parquet de Paris «n'a pas retenu la qualification terroriste», a précisé M. Collomb, et une enquête a été ouverte pour «assassinat, tentative d'assassinat et menaces de mort sur personnes dépositaires de l'autorité publique», a précisé la justice.

Dans le quartier en partie bouclé par la police, les témoignages recueillis par l'AFP semblaient attester l'hypothèse d'un différend familial. Selon plusieurs riverains, l'assaillant était séparé de sa femme et n'avait pas vu ses enfants depuis longtemps.

Pascal, un voisin, a dit bien connaître l'assaillant : «Je prenais souvent le café avec lui, ça faisait un mois que je ne l'avais pas vu». «On parle de terrorisme, mais ce n'est pas un terroriste, c'est un mec qui a pété les plombs», a-t-il estimé.

«Il était séparé, il vivait chez sa mère ici dans une maisonnette, il était chauffeur de bus. C'était quelqu'un de super gentil, super ouvert, une personne très bien même si c'était un petit nerveux», a ajouté Saïd, un électricien qui vit dans le quartier et dit avoir été au collège avec l'assaillant.

Cette attaque intervient alors que la France vit depuis 2015 sous une constante menace terroriste depuis la vague d'attentats djihadistes qui ont tué 246 personnes. La dernière victime a succombé à une attaque au couteau dans le centre de Paris le 12 mai dernier.

Trappes, commune pauvre de la grande banlieue de Paris, est réputée pour abriter une filière de l'islam radical. D'après une source antiterroriste, une cinquantaine de personnes de cette filière sont parties combattre en Irak et en Syrie.

Le gouvernement a placé cette ville de 30 000 habitants sur la liste des trente quartiers de «reconquête républicaine» impliquant des moyens et des effectifs supplémentaires pour la police.