Le président du Parti conservateur, Brandon Lewis, a demandé mardi à l'ancien ministre des Affaires étrangères britannique, Boris Johnson, de s'excuser pour ses propos raillant les musulmanes qui portent la burqa.

Lundi, dans le quotidien Daily Telegraph, l'ancien ministre, connu pour ses bourdes et ses déclarations parfois provocantes, a plaidé contre l'interdiction du voile intégral dans l'espace public tout en qualifiant la burqa de «ridicule» et «bizarre».

Il a comparé les femmes qui portent ce voile intégral dissimulant les yeux derrière un tissu à mailles à des «boîtes aux lettres» et à des «braqueurs de banque».

Face à l'indignation provoquée, le président du Parti conservateur, Brandon Lewis, a annoncé sur Twitter qu'il avait demandé à Boris Johnson de s'excuser.

Il a été rejoint par la Première ministre britannique Theresa May.

Les propos de Boris Johnson ont «clairement blessé», a déclaré Theresa May, interrogée en marge d'un déplacement en Ecosse. «Donc je suis d'accord avec Brandon Lewis». «Je crois que les femmes devraient avoir le droit de choisir comment elles s'habillent», a-t-elle ajouté.

De son côté, l'entourage de Boris Johnson a fait savoir que l'ex-ministre ne comptait pas s'excuser. «Il est ridicule que ces points de vue soient attaqués - nous ne devons pas tomber dans le piège d'empêcher le débat sur des questions difficiles», a ajouté cette source.

Plus tôt dans la journée, le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Alistair Burt, avait qualifié d'«offensants» les propos de l'ancien ministre.

Pour Sayeeda Warsi, ancienne vice-présidente du parti conservateur, l'ex-ministre a agi de manière calculée pour s'attirer le soutien de la droite du parti.

«Ce sont des commentaires insultants mais une stratégie intelligente», a-t-elle déclaré, et, selon elle, Boris Johnson mesure «l'effet» et «l'impact» que peuvent avoir ses propos.

Pour Sayeeda Warsi, «c'est littéralement le style bigot de Bannon (ex-conseiller du président américain Donald Trump, ndlr) et les tactiques de Trump qui font leur chemin dans la politique britannique».

Le Conseil musulman du Royaume-Uni (MCB) a estimé qu'«en choisissant intentionnellement ces mots», repris dans un journal national, Boris Johnson «léchait les bottes de l'extrême-droite». Des excuses sont le «minimum» mais le parti conservateur doit aussi s'interroger sur l'islamophobie en son sein, estime le Conseil.

Boris Johnson s'est déjà plusieurs fois fait remarquer par des sorties peu diplomatiques, comme en mai 2017 lorsqu'il avait prôné les exportations de whisky vers l'Inde dans l'enceinte d'un temple sikh, religion qui bannit sa consommation.