La Turquie a commémoré dimanche la sanglante tentative de putsch du 15 juillet 2016 visant à renverser le président Recep Tayyip Erdogan, lequel a promis de poursuivre «sans relâche» les purges lancées après le coup de force.

«Nous allons poursuivre sans relâche notre lutte (...) à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières», a déclaré M. Erdogan devant plusieurs dizaines de milliers de personnes rassemblées près d'un pont d'Istanbul où s'est déroulé l'un des principaux épisodes du putsch manqué du 15 au 16 juillet 2016.

Le président turc impute la tentative de putsch qui a fait quelque 250 morts à un ancien allié, le prédicateur Fethullah Gülen. Ce dernier, qui réside depuis une vingtaine d'années aux États-Unis, nie toute implication.

Dans tout le pays, des Turcs se sont rendus dimanche sur les tombes des victimes du putsch, tandis que les chaînes de télévision diffusaient les images les plus marquantes de la nuit du 15 au 16 juillet, comme l'appel à résister lancé par M. Erdogan à travers l'écran d'un téléphone.

À Istanbul, plusieurs dizaines de milliers de partisans du chef de l'État se sont rassemblés près du «pont des martyrs du 15-juillet», l'un des trois édifices qui enjambent le Bosphore. Les putschistes en avaient pris le contrôle dans la nuit du coup de force, tuant des dizaines de civils qui tentaient de les en déloger.

Deux ans après avoir vécu la plus violente forme de contestation de son pouvoir, M. Erdogan, qui dirige la Turquie depuis 2003, semble plus puissant que jamais.

Il a en effet été réélu le mois dernier pour un nouveau mandat de cinq ans aux pouvoirs considérablement renforcés, aux termes d'une révision constitutionnelle controversée.

Usant de ses nouvelles prérogatives, M. Erdogan a émis dimanche matin sept décrets pour restructurer plusieurs institutions, poursuivant notamment sa reprise en main de l'armée.

Ainsi, l'état-major des armées est passé sous l'autorité du ministère de la Défense et le Conseil militaire suprême, chargé notamment de nommer les commandants et de définir les priorités stratégiques, a été refondé et sa composition modifiée.

«Tentacules tranchés»

La mise en échec du putsch a été saluée par M. Erdogan comme une «victoire de la démocratie», mais sa riposte musclée, marquée par des dizaines de milliers d'arrestations et de limogeages, a suscité l'inquiétude de pays européens et d'ONG.

Selon l'agence de presse étatique Anadolu, plus de 1600 personnes ont été condamnées à la prison à vie en lien avec le putsch. Quelque 77 000 suspects ont été incarcérés, et plus de 140 000 personnes limogées ou suspendues.

Les autorités turques affirment que ces mesures sont nécessaires pour nettoyer les institutions qui, selon elles, ont été méthodiquement infiltrées par le réseau de M. Gülen pendant des décennies.

«Nous avons tranché les tentacules de la pieuvre qu'a fait grandir le damné de Pennsylvanie», a lancé M. Erdogan dimanche, en référence à M. Gülen qui vit dans cet État du nord-est des États-Unis.

Les purges sont menées dans le cadre de l'état d'urgence mis en place dans la foulée du coup de force. Le porte-parole de M. Erdogan a indiqué cette semaine que ce régime d'exception en vigueur depuis deux ans serait levé mercredi soir.