L'Autriche, qui assume pour six mois la présidence tournante de l'Union européenne (UE), plaide pour un changement des règles de la politique migratoire européenne afin qu'il ne soit plus possible, dans l'avenir, de déposer une demande d'asile sur le sol européen, a déclaré mardi le ministre de l'Intérieur Herbert Kickl.

« Ce serait un projet », a estimé le ministre FPÖ (extrême droite) lors d'une conférence de presse.

Selon lui, toute autre solution « inciterait les passeurs à dire : "je prends votre argent pour vous emmener dans l'UE, parce que vous avez la garantie de pouvoir y faire une demande d'asile avec la probabilité très, très faible d'être renvoyé », a expliqué M. Kickl.

La question migratoire et l'avenir du droit d'asile en Europe, source de tensions, seront au menu d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE jeudi à Innsbruck dans le sud de l'Autriche. Les ministres de l'Intérieur allemand, autrichien et italien y auront également des entretiens bilatéraux et trilatéraux.

Dans le modèle défendu par l'Autriche, les demandes d'asile seraient enregistrées dans les camps de réfugiés hors d'Europe « par une sorte de commission mobile », selon M. Kickl. Seuls les exilés originaires de pays voisins directs de l'UE pourraient déposer leur demande d'asile sur le territoire de l'Union.

Le ministre a assuré ne pas y voir de contravention avec la Convention de Genève qui définit le statut de réfugié : « Je ne vois nulle part dans ce texte que l'Europe doit être responsable des demandes d'asile de personnes venant de régions éloignées de milliers de kilomètres ».

À court terme, le ministre autrichien souhaite proposer à ses collègues lors de la réunion d'Innsbruck la mise en place, dans des États volontaires à l'extérieur de l'UE, de « centres de retour » pour les déboutés du droit d'asile qui ne pourront pas être immédiatement reconduits dans leur pays d'origine.

La proposition de changement des règles de l'asile a été développée dans un document de travail de la présidence autrichienne de l'UE daté de début juillet, à l'origine confidentiel, et publié ces derniers jours dans la presse.

Ce document estime que parmi les demandeurs d'asile, « beaucoup sont tout particulièrement sensibles aux idéologies hostiles à la liberté ou qui prônent la violence ». Il propose de ne garantir l'asile qu'à « ceux qui respectent les valeurs de l'UE et ses libertés et droits fondamentaux ».