Le président russe Vladimir Poutine a critiqué jeudi le mouvement MeToo, estimant que les cas concrets d'accusations de harcèlement sexuel devaient se régler devant les tribunaux et non servir de bases à des «campagnes».

«Certaines personnes, certaines organisations de défense des droits des femmes développent un processus dans des pays occidentaux, à Hollywood, qui concernent des problèmes datant d'il y a 10, 20, 30 ans», a-t-il indiqué aux journalistes, à l'issue de sa traditionnelle séance de questions-réponses annuelle à la télévision.

«Pourquoi maintenant? Pourquoi pas il y a dix ans, lorsqu'ont eu lieu ces événements?», a-t-il ajouté, se référant à la date des actes reprochés au producteur Harvey Weinstein.

«Je ne crois pas que nous devrions transformer ces questions, surtout des cas concrets, en campagne» politique, a affirmé Vladimir Poutine, rappelant que «dans tout pays civilisé, des lois ont été adoptées pour régler ce type de conflits».

Le président russe a aussi affirmé «ne pas avoir entendu parler» des accusations de harcèlement sexuel portées en mars par des journalistes contre l'influent député Léonid Sloutski.

Ce scandale, premier cas médiatique de harcèlement sexuel en Russie depuis l'émergence du mouvement MeToo, avait suscité l'indignation de nombreuses rédactions, qui avaient décidé de boycotter le Parlement.

La Russie s'est plusieurs fois posée ces dernières années en championne des valeurs traditionnelles, son président dénonçant parfois un déclin «moral» occidental.

Fin mars, le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, avait qualifié de «prostituées» les actrices ayant accusé de harcèlement sexuel M. Weinstein, dans des propos tenus devant des étudiants et rapportés par des médias.

Le mouvement MeToo a ainsi reçu un accueil très froid en Russie, où les cas de harcèlement sexuel sont le plus souvent relativisés, voire traités avec ironie.

Le député Léonid Sloutski avait ainsi accueilli les accusations avec un mépris marqué, allant jusqu'à se féliciter d'avoir «gagné en autorité» grâce à ce scandale.

La commission d'éthique de la Douma, la chambre basse du Parlement, avait pour sa part indiqué «ne pas trouver de violations des règles de comportement chez M. Sloutski».