Le président italien Sergio Mattarella a demandé lundi à l'économiste Carlo Cottarelli de former un gouvernement de technocrates, après s'être opposé à la formation d'un gouvernement eurosceptique par le Mouvement 5 étoiles et la Ligue du Nord.

Le président italien a décidé dimanche soir de s'opposer au candidat choisi par les deux partis comme ministre de l'Économie, mettant un terme à ce qui aurait pu devenir le premier gouvernement populiste d'Europe de l'Ouest. Sa décision a replongé l'Italie dans un nouveau cycle d'incertitude politique, plus de deux mois après les élections qui n'ont pas permis d'obtenir une majorité au Parlement.

Dans ses premières remarques lundi, M. Cottarelli, un ancien responsable du Fonds monétaire international qui croit fermement à l'euro et à la nécessité pour l'Italie de réduire sa dette, a déclaré qu'il allait guider un gouvernement politiquement «neutre» qui conduirait l'Italie vers de nouvelles élections.

Les élus du Mouvement 5 étoiles et de la Ligue du Nord ont signalé qu'ils priveraient un gouvernement Cottarelli de leurs votes au parlement.

M. Cottarelli a déclaré dans un tel cas, le principal travail du gouvernement serait «l'administration ordinaire du gouvernement et l'accompagnement du pays vers des élections après le mois d'août».

Le chef du Mouvement 5 étoiles a appelé les Italiens à protester pacifiquement contre la décision du président d'annuler le projet de gouvernement populiste. Dans une vidéo diffusée sur Facebook, Luigi Di Maio a exhorté ses compatriotes à arborer des drapeaux italiens et à se joindre à une manifestation sur les médias sociaux avec le mot-clic #ilmiovotoconta (mon vote compte).

M. Di Maio a estimé que la décision du président Mattarella était «le moment le plus sombre de l'histoire de la démocratie italienne».

L'ancien premier ministre Silvio Berlusconi s'est déclaré prêt à se porter candidat aux prochaines élections législatives dans le cadre du même bloc de centre droit qui a remporté 37% des voix le 4 mars.

M. Berlusconi a également affirmé que les élus de son parti Forza Italia ne soutiendraient pas un gouvernement technocratique dirigé par Carlo Cottarelli.

Une condamnation pour fraude fiscale a empêché M. Berlusconi, qui a été premier ministre pendant trois mandants, de se porter candidat en mars. Un tribunal de Milan a toutefois jugé ce mois-ci qu'il était maintenant éligible.