Le parquet de Constance en Allemagne a refusé mercredi au nom de la liberté artistique d'interdire une représentation théâtrale satirique de Mein Kampf lors de laquelle une distribution de croix gammées et d'étoiles jaunes est prévue.

Le parquet a ainsi rejeté, selon l'agence allemande dpa, plusieurs plaintes qui avaient été déposées après que le théâtre de Constance eut promis une entrée gratuite à qui acceptera de porter des brassards frappés d'une croix gammée lors de la première de la pièce vendredi 20 avril, date de naissance d'Hitler.

À ceux qui achèteraient leur billet, «nous [...] proposons de porter une étoile de David dans l'enceinte du théâtre en signe de solidarité avec les victimes de la barbarie nationale-socialiste [nazie]», écrivent les responsables du théâtre sur leur site internet.

Les symboles nazis sont prohibés en Allemagne. Le théâtre dit lui vouloir ainsi démontrer à quel point il est facile de corrompre.

La pièce Mein Kampf, une farce noire et grinçante du Hongrois George Tabori (1914-2007) datant de 1987, fait référence au pamphlet programmatique rédigé par Adolf Hitler lorsqu'il était en prison avant de prendre le pouvoir, en 1924-1925.

La Société germano-israélienne dans la région du Lac de Constance et la Société pour la coopération judéo-chrétienne ont appelé au boycottage de la pièce. Cette polémique intervient alors que les autorités allemandes s'inquiètent de la montée de l'antisémitisme.

Mercredi, le gouvernement a d'ailleurs dénoncé une agression présumée contre deux Juifs filmée par une des victimes à Berlin.

Deux jeunes juifs portant une kippa, un couvre-chef religieux, ont été agressés mardi soir dans un quartier huppé de Berlin par trois jeunes, dont l'un au moins parlait arabe.

La lutte contre l'antisémitisme a une importance particulière pour le gouvernement allemand toujours hanté par le passé nazi.