L'ambassade russe à Londres a dénoncé dimanche un manque d'informations de la part des Britanniques sur la mort de l'exilé russe Nikolaï Glouchkov et l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal et de sa fille.

Nikolaï Glouchkov, un ex-partenaire en affaires de l'oligarque russe devenu opposant au Kremlin Boris Berezovski, avait été retrouvé mort à son domicile de l'ouest londonien le 12 mars 2018. Selon la police, il est décédé suite à une «compression au niveau du cou».

«Presque un mois s'est écoulé depuis la mort de M. Glouchkov, et comme c'est arrivé avec Sergueï et Ioulia Skripal, les Britanniques n'ont fourni aucune information», indique l'ambassade russe dans un communiqué. «Compte tenu de (ses) nombreuses demandes», l'ambassade considère que «c'est délibéré».

L'ambassade explique que le ministère des Affaires étrangères lui a conseillé de s'adresser à la police. «L'ambassadeur, s'appuyant sur le conseil du Foreign office, prévoit de demander une rencontre avec le chef de la police afin d'inviter la partie britannique à nous fournir des informations détaillées sur l'enquête», indique le communiqué. «Pour la Russie, ce meurtre a une dimension aussi bien politique que criminelle».

Le ministère des Affaires étrangères a également informé l'ambassade du refus opposé à la demande de visa de la nièce de Sergueï Skripal qui souhaitait rendre visite à ses proches au Royaume-Uni. Mais la note du ministère est «une formalité» et «ne réponds pas aux questions posées par notre ambassade», estime cette dernière. La décision de refuser le visa est «décevante» et «motivée par des considérations politiques», selon l'ambassade.

Retrouvés empoisonnés le 4 mars à Salisbury, Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, sont toujours hospitalisés, mais ne sont plus dans un état critique. Londres accuse Moscou d'avoir empoisonné l'ex-espion et sa fille, ce que dément catégoriquement la Russie. L'affaire a provoqué une grave crise diplomatique entre Moscou et les Occidentaux, qui ont soutenu le Royaume-Uni.

Selon le Sunday Times, les Skripal pourraient se voir offrir de nouvelles identités et une nouvelle vie aux États-Unis, tandis que le Sunday Telegraph suggère qu'ils pourraient bénéficier d'un système de protection de témoins.

Le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a fustigé dimanche dans le Sunday Times le «torrent d'absurdités» de la Russie et accusé le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, d'être l'«idiot utile du Kremlin», pour avoir mis en doute la responsabilité russe dans l'empoisonnement et appelé à la prudence.