L'auteur de l'attentat de la station de métro londonienne de Parsons Green, Ahmed Hassan, un demandeur d'asile irakien de 18 ans, a été condamné vendredi à Londres à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 34 ans.

Ahmed Hassan avait été déclaré coupable le 16 mars de tentative de meurtre par la cour criminelle de l'Old Bailey. Vendredi, il est resté impassible à l'énoncé de sa peine.

Le 15 septembre 2017, une bombe artisanale avait partiellement explosé dans une rame de métro à la station Parsons Green, faisant 51 blessés, selon un bilan actualisé vendredi par Scotland Yard. Cette attaque, revendiquée par l'organisation djihadiste État islamique (EI), était la cinquième à frapper le Royaume-Uni en six mois.

L'engin artisanal, qui a explosé en pleine heure de pointe le matin, contenait des clous, des boulons et des couteaux, ainsi que plusieurs centaines de grammes de TATP (tripéroxyde de triacétone), un explosif instable prisé des djihadistes.

«Votre intention ce matin-là était de tuer autant de personnes que possible», a déclaré le juge Charles Haddon-Cave, s'adressant au condamné.

Pendant le procès, des témoins et victimes de l'attentat avaient décrit un métro ravagé par les flammes. «Je me suis retrouvé par terre. Les flammes étaient partout. C'était une chaleur intense. J'ai cru avoir perdu mes oreilles», a déclaré l'un d'eux, Stephen Nash.

Le jeune Irakien avait été arrêté au lendemain de l'attaque, à Douvres, un point de transit vers l'autre rive de la Manche.

Hassan, qui avait plaidé non coupable, a affirmé avoir agi par désoeuvrement, pour attirer l'attention. Alors qu'il avait déclaré aux services de l'immigration avoir été recruté par l'EI et «entraîné à tuer», il est revenu sur ces déclarations lors du procès, assurant avoir menti.

«J'aimerais pouvoir remonter le temps et tout arrêter», a-t-il dit aux jurés.

Mais selon l'accusation, son attentat était «un acte de colère et de haine destiné à tuer et détruire».

«Double vie»

Hassan était arrivé au Royaume-Uni en octobre 2015 en franchissant le tunnel sous la Manche à bord d'un camion, sans pièce d'identité, et avait demandé l'asile en janvier 2016.

Décrit comme intelligent, le jeune homme vivait dans une famille d'accueil à Sunbury, dans le Surrey, et étudiait le journalisme à l'université Brooklands.

En juin 2017, il avait été nommé étudiant de l'année et gagné une récompense de 20 livres, avec laquelle il avait acheté le principal composant de la bombe, faisant là preuve d'une «cynisme exceptionnel», a estimé le juge Haddon-Cave.

Hassan, a souligné le magistrat, vivait depuis son arrivée à Royaume-Uni une «double vie», affichant d'un côté «une détermination impitoyable et une efficacité presque militaire» pour préparer son attentat, jouant de l'autre le rôle d'un «demandeur d'asile modèle».

«On ne peut imaginer le sentiment de trahison qu'ont dû ressentir tous ceux de l'université Brooklands que vous avez dupés», a lancé le juge, faisant écho aux propos tenus par Penny Jones, la mère de la famille d'accueil de Hassan.

«Je suis fâchée contre lui [...] je ne peux pas m'empêcher de me sentir trahie. C'était un jeune si brillant et intelligent. Il avait un bel avenir devant lui», a-t-elle déclaré sur la chaîne ITV.

Le secrétaire d'État à la Sécurité Ben Wallace a appelé à tirer les «leçons» de cette affaire, afin de comprendre comment Ahmed Hassan, qui avait notamment été en contact avec des travailleurs sociaux, avait pu passer entre les mailles du filet.

Le Royaume-Uni a commémoré jeudi un autre attentat, perpétré le 22 mars 2017 près du Parlement londonien (5 morts), le premier d'une série d'attaques jihadistes qui allait faire 35 morts et des dizaines de blessés en six mois dans le pays.