Le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a estimé lundi de « plus en plus absurdes » les démentis de la Russie sur son implication dans l'empoisonnement d'un ancien espion russe en Grande-Bretagne.

« Les démentis de la Russie sont de plus en plus absurdes », a-t-il affirmé à son arrivée à Bruxelles pour une réunion avec ses homologues de l'Union européenne.

Vladimir Poutine, tout juste réélu à la tête de la Russie, a fustigé dimanche soir les accusations britanniques en les qualifiant de « grand n'importe quoi ».

« Un jour, ils soutiennent qu'ils n'ont jamais produit du Novitchok [l'agent innervant], un autre jour, ils affirment qu'ils ont produit du Novitchok, mais soutiennent que tous les stocks ont été détruits, puis ils annoncent que certains stocks se sont mystérieusement échappés en Suède ou en Slovaquie, en République tchèque ou aux États-Unis, ou même au Royaume-Uni », a ironisé Boris Johnson.

« Ce que les gens peuvent voir, c'est qu'il s'agit d'une stratégie classique de la Russie qui consiste à essayer de cacher l'aiguille de la vérité dans une botte de foin de mensonges et d'obscurcissements », a-t-il ajouté.

La réaction de l'Union européenne sera discutée lors du sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'UE jeudi et vendredi à Bruxelles. Elle sera préparée lundi par les ministres des Affaires étrangères.

« Nous souhaitons une unité totale de l'UE et une solidarité avec la Grande-Bretagne », a insisté le ministre français Jean-Yves Le Drian. « Nous partageons l'analyse britannique qu'il n'y a pas d'autre explication plausible que la responsabilité de la Russie », a-t-il ajouté.

« L'objectif principal aujourd'hui est que nous soyons informés plus avant », a souligné son homologue allemand Heiko Maas. « Nous sommes du côté de la Grande-Bretagne. Un tel acte n'est pas acceptable et il sera indiqué clairement que cela n'est pas accepté », a-t-il affirmé.

« Utiliser des armes chimiques est particulièrement grave », a renchéri le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders.

Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, sont toujours hospitalisés dans un état « critique » à Londres. Un policier empoisonné en leur portant secours est également soigné mais est désormais hors de danger, assure Londres.

L'hypothèse de sanctions est envisagée, mais aucun ministre ne s'est prononcé explicitement sur la question. « Nous verrons cela lorsque toute la situation sera éclaircie », a expliqué le chef de la diplomatie espagnole Alfonso Dastis, partisan d'attendre les conclusions des experts internationaux attendus lundi au Royaume-Uni pour mener des tests sur la substance utilisée.

L'UE est divisée sur les sanctions économiques adoptées afin de punir la Russie pour l'annexion de la Crimée et pour son soutien présumé aux séparatistes qui ont déclenché le conflit en Ukraine au printemps 2014. Elles ont été prolongées de six mois le 13 mars, mais plusieurs États membres s'opposent à leur durcissement.