L'ancien SS Oskar Gröning, dit le «comptable d'Auschwitz», est mort à l'âge de 96 ans, ont annoncé lundi les médias, sans avoir purgé sa peine de prison qui lui avait été infligée tardivement par la justice allemande.

Un porte-parole du Parquet de Hanovre, Oliver Eisenhauer, a indiqué à l'AFP avoir été informé du décès par l'avocat de cet homme condamné en 2015 à quatre ans de prison pour complicité dans la mort de 300 000 Juifs, sans pouvoir le confirmer officiellement.

«La seule chose que nous ayons est une lettre de son avocat selon lequel il serait mort», a dit M. Eisenhauer, expliquant «ne pas encore disposer» d'un certificat de décès qui doit être adressé par la mairie aux autorités judiciaires, ce qui peut prendre plusieurs jours.

Le quotidien régional allemand Hannoversche Allgemeine Zeitung puis la chaîne de radio-télévision publique NDR avaient annoncé ce décès, citant l'avocat. Selon l'hebdomadaire Der Spiegel, le vieillard est mort vendredi à l'hôpital.

Oskar Gröning fait partie des tout derniers anciens nazis à avoir répondu de leurs actes devant les tribunaux, plus de 70 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale.

«Faute morale»

Lors de son procès en 2015 devant un tribunal de Lunebourg, l'homme avait évoqué une «faute morale» et demandé pardon aux victimes de la Shoah, représentées par 70 parties civiles venues du monde entier.

Bien avant d'être rattrapé par la justice, cet ancien engagé volontaire dans les Waffen SS avait raconté son séjour à Auschwitz, l'un ds principaux camps d'extermination construits en Pologne occupée par les nazis, où il avait officié de 1942 à 1944.

À la différence de nombre d'anciens nazis, Oskar Gröning n'a dissimulé ni son engagement dans les Waffen SS en 1941, attiré à 20 ans par «l'élégance de l'uniforme», ni l'application qu'il mettait à son travail de comptable à Auschwitz.

À la fin de 2017, la justice allemande avait ordonné son placement en détention, une décision sans précédent étant donné l'âge avancé du condamné.

«Sur la base des avis d'experts obtenus, le tribunal présume que la personne condamnée est apte à purger sa peine malgré son âge élevé», avait jugé la Cour d'appel de Celle.

Mais le vieillard avait tenté tous les recours pour échapper à la détention. Il avait même déposé une demande de grâce, toujours en cours d'examen par les autorités au moment de l'annonce de sa mort.

Ses efforts furent vains et même si sa demande de grâce n'empêchait pas un placement en détention, la justice ne lui avait pas notifié sa mise en détention.

Certains s'offusquaient qu'un vieillard puisse être jeté en prison tandis que d'autres estimaient au contraire qu'il devait purger sa peine.

Une porte-parole du Parquet de Hanovre, chargé de lui notifier sa mise en détention, avait expliqué au début du mois à la chaîne publique régionale NDR que Gröning était malade depuis le début de l'année.

Selon le quotidien Bild, il était tombé et avait heurté un radiateur dans sa chute.

Son avocat n'avait toutefois pas confirmé ces informations.

En 2016, un ex-gardien d'Auschwitz, Reinhold Hanning, avait été condamné à cinq ans de prison, ce qui pourrait être le dernier condamné pour les crimes nazis.

Depuis quelques années, la justice allemande est critiquée pour son traitement des crimes du IIIe Reich, accusée d'avoir trop peu condamné, trop faiblement et trop tard.

«Il est trop tard pour les décisionnaires, alors on étend la notion de culpabilité à un point risible pour poursuivre les comparses», avait déploré avant le procès Gröning l'avocat français Serge Klarsfeld, qui a consacré sa vie à traquer les nazis mais s'avoue gêné par ce zèle tardif.

Environ 1,1 million de personnes, des juifs à 90%, sont mortes au camp d'Auschwitz-Birkenau entre 1940 et 1945.