Des militants de la cause climatique se sont brièvement allongés lundi devant Le Radeau de la méduse dans l'une des salles les plus fréquentées du Louvre, pour protester contre le mécénat du géant pétrolier français Total en faveur du musée parisien.

Une dizaine de personnes sont arrivées tranquillement peu après 4h30 (heure du Québec), puis se sont allongées, doucement, devant le célèbre tableau de Géricault, en scandant des slogans contre l'action du groupe pétrolier, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les visiteurs ont été évacués vers d'autres salles au bout d'une dizaine de minutes, tandis que les protestataires restaient au sol pour «symboliser les victimes des activités pétrolières», selon l'ONG 350.org.

Les manifestants sont restés environ deux heures, avant de quitter les lieux d'eux-mêmes.

Le Louvre, interrogé par l'AFP, a confirmé l'évacuation des visiteurs de la salle, puis le départ des activistes de leur plein gré, sans intervention de vigiles ni de forces de l'ordre.

Il y a un an, en mars 2017, une trentaine de militants étaient venus déposer un tapis d'étoffes noires au pied de la Victoire de Samothrace, sculpture grecque exposée au Louvre, formant une «rivière de pétrole» symbolique, accompagnée de tracts «Total soutient le Louvre/Le Louvre soutient Total - zerofossile».

Quelques mois plus tard, les bassins extérieurs étaient victimes d'une «marée noire», après ajout d'un colorant noir «100% naturel» selon les organisateurs.

Un collectif d'associations, emmené par 350.org, a lancé cette campagne «Libérons le Louvre», pour demander au musée de mettre un terme à son partenariat avec la Fondation Total, au nom de la lutte contre les dérèglements climatiques (les énergies fossiles - charbon, pétrole, gaz - étant largement responsables des émissions de gaz à effet de serre, sources du réchauffement planétaire).

«De plus en plus de communautés seront poussées à l'exil à mesure que les impacts du dérèglement climatique continueront de s'accentuer», explique le collectif lundi. «En tant que courroie de transmission entre les civilisations et les cultures, mais aussi en tant que lieu d'éducation, le partenariat avec Total entre en contradiction avec l'ambition du musée de tisser des ponts entre civilisations passées et générations actuelles».

Total est un partenaire du Louvre depuis environ 20 ans. Dans une réponse adressée en janvier 2017 au responsable de 350.org France, le président du musée Jean-Luc Martinez détaillait ses actions (soutien à des expositions, rénovations, éducation culturelle, action sociale), évoquant un «soutien financier décisif».

D'autres institutions culturelles ont déjà été visées par cette campagne, comme la Tate Gallery de Londres qui a fini par renoncer au soutien du groupe pétrolier britannique BP en 2016.