Environ 3000 Hongrois de Roumanie ont manifesté samedi à Târgu-Mures pour demander l'autonomie de la «terre des Sicules», une région où vit une grande partie de cette importante minorité, a constaté un photographe de l'AFP.

«Autonomie !», «Nous sommes Sicules, pas Roumains !», ont scandé les manifestants au cours de ce défilé annuel marquant le «jour de la liberté des Sicules» et surveillé de près par des dizaines de gendarmes.

Dans une pétition déposée auprès de la préfecture, ils ont demandé «le droit à l'autodétermination au sein de l'État roumain».

Les Sicules forment une partie importante de la minorité hongroise de Roumanie qui compte au total 1,4 million de personnes, soit 6% de la population de ce pays, vivant essentiellement en Transylvanie. Cette région du centre-ouest avait été rattachée à la Roumanie en 1920 par le traité de Trianon qui reconfigura les frontières de l'ancien empire austro-hongrois disloqué à la fin de la Première Guerre mondiale.

«L'autonomie de la terre des Sicules ne porte pas atteinte à l'unité territoriale ou à la souveraineté de la Roumanie, ne lèse pas les intérêts des citoyens roumains ou d'autres nationalités et n'est pas contraire à la Constitution», estiment les signataires de ce texte.

«Nous ne voulons pas être considérés comme des ennemis, mais comme des citoyens de plein droit de l'État roumain», a déclaré à l'AFP l'organisateur de cette marche, Balasz Izsak, président du Conseil national sicule (CNS). Les manifestants jugent insuffisants les droits actuellement reconnus à la minorité hongroise de Roumanie, dont le bilinguisme.

Trois partis représentant les intérêts de cette minorité, qui compte 30 élus au parlement roumain, avaient adopté en janvier une déclaration prônant l'autonomie comme moyen de «préserver l'identité nationale et garantir des droits égaux aux membres de cette communauté».

Signe du malaise suscité à Bucarest par cette revendication, un responsable hongrois du CNS, Attila Dabis, a été interdit vendredi d'entrée en Roumanie.