La Russie a toujours « cherché à éviter la confrontation » dans les Balkans, alors que le comportement des Occidentaux est de nature à tendre la situation, a regretté le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Dans un entretien à l'agence serbe Beta diffusé lundi, deux jours avant une visite en Serbie, Sergueï Lavrov dénonce la méthode qui consisterait à forcer les pays des Balkans à « choisir : soit vous êtes avec l'Occident, soit vous êtes avec la Russie ».

Candidate à l'Union européenne (UE), la Serbie est aussi une alliée historique de la Russie, qui lui apporte notamment son soutien dans son refus de l'indépendance du Kosovo, proclamée il y a 10 ans. «Discuter actuellement de la place du Kosovo à l'ONU n'a aucun sens», estime Sergueï Lavrov.

Il relève que « la résolution 1244 » prise en 1999 par le Conseil de sécurité à la fin du conflit entre forces serbes et rébellion indépendantiste kosovare albanaise « reste en vigueur, et reconnaît le territoire autonome de Kosovo comme une partie de la Serbie ».

Pour espérer intégrer l'UE, Bruxelles a prévenu que Belgrade devrait notamment mener à bien la normalisation de ses relations avec Pristina, et adopter une ligne diplomatique en cohérence avec la sienne.

Pour Sergueï Lavrov, « que l'EU exige de chaque pays-candidat qu'il aligne ses politiques extérieures et de défense » sur la sienne « découle d'une philosophie, d'une mentalité qui participe à l'augmentation de la tension en Europe ».

« Durant toute l'histoire des Balkans, la Russie a toujours cherché à éviter toute confrontation et à aider les peuples de cette région à défendre les intérêts de leurs États, de leurs ancêtres, ainsi que leurs racines spirituelles, religieuses et culturelles », dit Sergueï Lavrov.

Il dénonce par ailleurs la « politique d'encerclement de la Russie par l'infrastructure militaire de l'Alliance » atlantique, jugeant « qu'il ne fallait pas renforcer sa sécurité au détriment de la sécurité de l'autre ». « L'élargissement de l'OTAN est une erreur », répète-t-il. Le Monténégro a rejoint en 2017 l'Alliance, tandis que la Macédoine est candidate.

« Aucune action entreprise actuellement par l'OTAN ne renforcera la sécurité de quiconque, y compris la sécurité des pays des Balkans », prévient-il.

Le ministre a également défendu le rôle joué par les médias prorusses dans les Balkans : « Pour protéger le pluralisme d'opinions que l'Occident prône sans cesse, avoir un point de vue différent ne peut qu'être bénéfique aux auditeurs de radio, aux téléspectateurs et aux utilisateurs des réseaux sociaux ».