La justice française a confirmé vendredi l'exclusion de Jean-Marie Le Pen du Front national, mais en tant que simple membre, le maintenant ainsi président d'honneur du parti d'extrême droite, avec pour effet immédiat de raviver le conflit politico-familial.

Le congrès du parti des 10 et 11 mars à Lille s'annonce extrêmement tendu : le FN assure qu'il en interdira l'accès à Jean-Marie Le Pen au motif qu'il n'est plus adhérent. L'ancien dirigeant du FN a lui affirmé vendredi qu'il s'y rendra, au besoin, en faisant appel à « la force publique ».

Sa fille Marine, actuelle présidente du parti, a estimé dans le journal Le Parisien que, « pour quelques minutes d'existence médiatique », son père « ferait n'importe quoi ».

Dans son arrêt, la cour d'appel de Versailles, près de Paris, a validé l'exclusion, en août 2015, de M. Le Pen de son parti. Mais elle a jugé que cela n'avait « pas d'effet sur sa qualité de président d'honneur » car les statuts du FN ne prévoient pas que cette fonction purement honorifique soit réservée « aux seuls adhérents ».

« C'est une bonne nouvelle », a déclaré à l'AFP M. Le Pen, cofondateur du parti d'extrême droite en 1972, qu'il a présidé jusqu'en 2011, avant l'élection de sa fille, qui est seule candidate à sa propre succession en mars.

« Je reste président d'honneur, avec les prérogatives qui s'attachent à la fonction. On doit me convoquer au congrès, [...] dans les bureaux politiques, dans tous les organismes du mouvement où j'ai le droit de siéger », a-t-il fait valoir.

Or, selon sa fille qui cite les statuts du FN, le président d'honneur peut participer à certaines instances (conseil national, comité central, bureau politique, bureau exécutif, commission nationale d'investitures) mais pas aux assemblées générales du congrès par exemple.

« Dans un mois, ce problème sera totalement réglé », a balayé sur la chaîne d'information continue BFM Steeve Briois, secrétaire général du FN.

Lors du congrès de leur parti, les militants du FN devront en effet se prononcer sur la suppression du poste de président d'honneur, déjà validée fin janvier par la direction du FN. Les adhérents consultés il y a deux ans « avaient à 95 % souhaité supprimer la présidence d'honneur et modifié les statuts », a fait valoir M. Briois.

Au-delà de cette question, M. Le Pen « n'a pas été reconnu comme adhérent » du FN et sera, de ce fait, « évidemment » interdit d'accès au congrès du parti, a poursuivi le dirigeant frontiste.

Provocations

Jean-Marie Le Pen, aujourd'hui âgé de 89 ans, a été progressivement évincé du parti par sa fille Marine, qui a voulu « dédiaboliser » le parti d'extrême droite afin de l'amener jusqu'aux portes du pouvoir.

Le FN s'est qualifié deux fois pour le second tour d'une élection présidentielle en France : en 2002 avec Jean-Marie Le Pen et en 2017 avec Marine Le Pen.

M. Le Pen avait été suspendu du parti en mai 2015, puis exclu le 20 août par le bureau exécutif, à la suite de déclarations « constituant des fautes graves », en particulier ses propos réitérés sur les chambres à gaz, qu'il estimait être un « détail » de l'Histoire. Cette déclaration lui avait valu d'être condamné par la justice.

Le FN reprochait également à M. Le Pen sa défense du maréchal Pétain, qui avait collaboré avec le régime nazi lors de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi des critiques contre les instances dirigeantes du parti.

La cour d'appel de Versailles a confirmé un premier jugement qui avait validé l'exclusion de M. Le Pen, tout en maintenant sa qualité de président d'honneur.

Elle a aussi condamné le FN à verser 25 000 euros de dommages et intérêts à son ancien président, contre 15 000 en première instance.