Considéré comme un logisticien majeur de la cellule du groupe État islamique qui a frappé Paris et Bruxelles, Mohamed Bakkali a été remis à la France par la Belgique vendredi et inculpé pour complicité dans les attentats de Paris et l'attaque du Thalys en 2015.

Bakkali, un Belge âgé de 30 ans, a été inculpé pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, complicité d'assassinats et de tentatives d'assassinats terroristes et complicité de séquestration pour les attentats de Paris le 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés, a-t-on appris de source judiciaire.

Dans l'affaire de l'attaque manquée du Thalys en août 2015, il a été inculpé pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et complicité de tentative d'assassinats terroriste.

Son placement en détention provisoire a été requis par le parquet.

Mohamed Bakkali avait été arrêté à Bruxelles le 26 novembre 2015 et il est incarcéré depuis. La justice belge avait autorisé le 30 juin 2016 sa remise à la France, sous la condition « qu'après avoir été jugé [en France], il soit renvoyé en Belgique pour y subir la peine ou la mesure de sûreté qui serait prononcée à son encontre ».

Cité dans plusieurs dossiers terroristes, l'homme apparaît comme un logisticien essentiel de la cellule qui a frappé la France et la Belgique en 2015 et 2016.

Outre son rôle présumé de coordinateur du rapatriement de plusieurs djihadistes à travers l'Europe, il est notamment accusé d'avoir loué la planque de la rue Henri Bergé, à Schaerbeek (Bruxelles), où les ceintures explosives ayant servi lors des attentats à Paris ont été fabriquées.

Déjà inculpé en Belgique

Il est aussi soupçonné d'avoir loué une BMW, repérée à proximité immédiate de logements à Charleroi et Auvelais ayant servi à préparer les attentats de Paris.

En ce qui concerne l'attaque manquée du 21 août 2015 dans un train Thalys Amsterdam-Paris, les enquêteurs estiment qu'il a joué un rôle prépondérant dans son organisation.

Monté à bord du train à Bruxelles, Ayoub El Khazzani avait ouvert le feu dans le Thalys peu après son entrée en France, armé d'une kalachnikov et de neuf chargeurs pleins.

Il avait blessé deux passagers avant d'être maîtrisé par des militaires américains en vacances, évitant un potentiel carnage.

Mohamed Bakkali a déjà été mis en examen, côté belge, dans ces deux affaires et le parquet fédéral avait affirmé qu'il était mis en examen pour participation aux activités d'un groupe terroriste « en qualité de dirigeant » dans le dossier du Thalys.

Selon l'agence Belga, il est également celui qui a loué un autre appartement à Schaerbeek, où les frères kamikazes Ibrahim et Khalid El Bakraoui ont séjourné avant de se faire exploser lors des attentats de Bruxelles le 22 mars 2016 (32 morts).

Une grande partie des membres de la cellule djihadiste ont été tués ou arrêtés.

Au total, une quinzaine de suspects sont inculpés ou visés par un mandat d'arrêt. Après la remise de Bakkali, la Belgique en détient encore quatre. L'un d'eux, Mohamed Abrini, « l'homme au chapeau » des attentats de Bruxelles, a déjà été brièvement transféré en France l'an dernier pour être inculpé.

Plusieurs fois entendu par les enquêteurs en Belgique, Mohamed Bakkali a toujours nié être impliqué dans ces différents attentats et assuré qu'il ne connaissait pas Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre, selon un document dont l'AFP a eu connaissance.

Ce dernier, incarcéré en France, a été interrogé sur ses liens avec Mohamed Bakkali par les juges d'instruction mais il a choisi, comme il le fait depuis qu'il a été remis par la Belgique, de garder le silence. Il doit être jugé une première fois à Bruxelles à partir du 5 février.