Un chef d'entreprise a été contraint de démissionner mercredi du ministère britannique de l'Éducation après avoir présidé un prestigieux dîner de charité à Londres où, selon le Financial Times, des hôtesses ont été victimes de harcèlement sexuel.

David Meller, président du groupe de luxe Meller et membre non exécutif d'une commission du ministère de l'Education, coprésidait le très select Presidents Club, organisateur de ce dîner réservé exclusivement à des invités masculins, le 18 janvier dans un hôtel londonien.

Deux journalistes du quotidien économique s'étant fait engager incognito comme hôtesses y ont constaté de nombreux abus - attouchements, harcèlement, propositions déplacées.

«C'est clairement inacceptable pour le ministère de l'Éducation», a déclaré la secrétaire d'État chargée de l'Apprentissage, Anne Milton, devant les députés de la chambre des communes.

Le porte-parole de la première ministre Theresa May a indiqué que celle-ci s'était sentie «mal à l'aise» à la lecture de l'article du FT et que le départ de M. Meller constituait «la bonne décision», bien qu'il n'ait pas lui-même été accusé de harcèlement sexuel.

Le gala, au Dorchester Hotel, réunissait 360 personnalités politiques et des affaires, ainsi que 130 hôtesses qui avaient reçu pour instruction de s'habiller de court et en noir et de porter des sous-vêtements assortis.

Elles avaient également dû signer un accord de confidentialité et remettre leur téléphone portable avant le début du dîner.

«J'ai subi des attouchements à plusieurs reprises et je sais que de nombreuses autres hôtesses ont dit qu'il leur était arrivé la même chose», a raconté une des journalistes, Madison Marriage, à la BBC.

«Le pire qu'une hôtesse m'ait raconté est qu'un homme lui a montré son pénis au cours du dîner», a-t-elle ajouté.

Ébranlé par le scandale, le Presidents Club s'est dit «consterné» et a annoncé qu'il n'organiserait plus d'événements de collecte de fonds.  «Un tel comportement est totalement inacceptable. Ces allégations feront l'objet d'une enquête (...) et des mesures appropriées seront prises», a assuré un porte-parole.

L'enquête du FT a aussi poussé des sponsors et bénéficiaires à se désolidariser du dîner mondain.

Parmi les prix proposés aux enchères figuraient un déjeuner avec le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson et un thé avec le gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney, selon le Financial Times. L'un comme l'autre ont pris leurs distances, disant ne pas être courant d'avoir été ainsi mis à contribution. Autres «prix» proposés: une nuit dans un strip-club de Soho et une intervention de chirurgie esthétique pour «pimenter» les épouses des participants.

Deux hôpitaux pour enfants ont annoncé leur intention de restituer des dons perçus par le passé et le géant britannique de la publicité WPP, qui avait sponsorisé une table a annoncé mettre fin à son association avec l'événement.