Les cinq principaux partis nord-irlandais ont entamé mercredi à Belfast de nouvelles négociations, présentées comme une tentative de la dernière chance pour sortir de la crise politique en Irlande du Nord, sans gouvernement depuis un an.

Les différentes formations ont rencontré chacune à leur tour la nouvelle ministre britannique pour l'Irlande du Nord, Karen Bradley, médiatrice des pourparlers, qui a précisé qu'il s'agirait d'«une courte et intense série de discussions» pour résoudre la crise, sans pour autant fixer d'ultimatum.

Les discussions doivent se poursuivre dans les prochains jours.

Mme Bradley avait qualifié la semaine dernière cette nouvelle tentative de dialogue de «dernière chance» pour parvenir à un accord, tandis que le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Coveney, qui assiste aux discussions, a prévenu que le temps était «limité».

Le blocage est dû aux nombreux différends qui opposent le Parti unioniste démocrate (DUP), allié du gouvernement conservateur britannique de Theresa May, et le parti nationaliste Sinn Féin, les deux principales forces de la province, partenaires au pouvoir depuis 2007, mais qui ne s'entendent plus sur les termes de leur coalition.

Chacun accuse l'autre d'être à l'origine de la paralysie, mais affirme vouloir remettre sur pied l'administration de Belfast à laquelle le parlement britannique a dû se substituer l'an dernier à plusieurs reprises, en particulier pour voter un budget.

Dans une tribune au journal Belfast Telegraph, mercredi, Michelle O'Neill, leader du Sinn Féin en Irlande du Nord, parle d'un retour «en toute bonne foi» à la table des négociations, mais estime que la crise pourrait être résolue «si le blocage du DUP sur des droits fondamentaux cessait».

Une allusion aux demandes du Sinn Féin qui réclame comme préalable un engagement du DUP à légiférer en faveur d'une loi protégeant le gaélique, la langue irlandaise, et en faveur du mariage entre personnes du mêmes sexe, auxquels les unionistes ne sont pas favorables.

Se félicitant de la reprise des discussions, la cheffe du DUP a toutefois estimé dans le même quotidien que celles-ci ne pouvaient se résumer à «une liste de courses».

Et à l'issue des discussions mercredi, un député du DUP, Gregory Campbell, a déclaré à la presse: «Nous avons besoin de plus que des réunions constructives, nous avons besoin d'une solution». Il a aussi assuré que son parti était, lui, prêt à reformer un gouvernement «immédiatement, sans tracer de lignes rouges, sans pré-conditions».

Karen Bradley doit informer le parlement britannique au plus tard le 7 février sur l'avancée des pourparlers et n'a pour l'instant rien laissé entrevoir de ses intentions si l'impasse perdure, alors que de nombreux unionistes réclament le retour à l'administration directe par Londres en cas d'échec.

Interrogée au parlement de Westminster sur la médiation pour remettre sur pied l'administration décentralisée de Belfast, la première ministre Theresa May a déclaré que «les citoyens d'Irlande du Nord ne peuvent continuer à voir les services publics souffrir de l'absence d'exécutif».

Le chef de l'administration nord-irlandaise David Sterling s'est dit inquiet d'une prolongation de la crise, estimant devant une commission parlementaire que la situation serait «particulièrement difficile sans certitude sur le budget d'ici au 8 février».