La colère des gardiens de prison français a été ravivée mardi par deux nouvelles agressions commises par des détenus soupçonnés de radicalisation.

Un prisonnier de Mont-de-Marsan (sud-ouest), surveillé pour risque de radicalisation, a frappé sept agents lundi après-midi. Et, mardi matin, une surveillante de Tarascon (sud-est) a reçu un coup de poing au visage asséné par un prisonnier suivi pour radicalisation.

Or les gardiens étaient déjà mobilisés depuis lundi, suite à l'attaque de trois surveillants à Vendin-le-Vieil (nord) par un détenu islamiste allemand, Christian Ganczarski, jeudi dernier.

«Ce n'est pas de nature à calmer notre colère!», a souligné mardi matin Hervé Ségaud, du syndicat Force ouvrière (FO) de la prison de Grasse (sud-est).

Derrière les questions de moyens et de sécurité des gardiens est ainsi venue se greffer celle de la prise en charge des détenus radicalisés, au moment où la France attend le retour prochain des «revenants», ses ressortissants de retour de Syrie après y avoir combattu aux côtés des islamistes.

«Nous ne sommes pas formés à la gestion des détenus radicalisés. Les collègues sont donc très remontés», a expliqué un autre syndicaliste, Guillaume Pottier.

Les prisons françaises comptent quelque 500 personnes incarcérées (prévenues ou condamnées) pour des faits de terrorisme et environ 1200 considérées comme radicalisées, selon les chiffres officiels. Plus de 3000 détenus sont en outre surveillés pour des risques particuliers.

Le dernier survivant des commandos jihadistes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts), Salah Abdeslam, doit être prochainement emprisonné à Vendin-le-Vieil, le temps que se tienne son procès en Belgique. La ministre de la Justice Nicole Belloubet a estimé qu'«il n'y a pas de raison de revenir sur cette décision».

À Fleury-Mérogis (au sud de Paris), où Abdeslam est actuellement détenu, les quelque 80 agents mobilisés ont fini par lever le camp dans la matinée.

Engagements gouvernementaux

Mme Belloubet s'est rendue à Vendin-le-Vieil dans une ambiance tendue, faisant «dix propositions», notamment sur le matériel, les effectifs et la sécurité du personnel de l'établissement pénitentiaire. «Je me suis engagée à revenir dans deux mois très précisément pour mesurer avec vous si ces propositions ont réellement pris corps», a-t-elle assuré.

«Je me suis engagée également à ce que pour l'établissement, le quartier d'évaluation de la radicalisation, qui ne sera mis en place que dans deux mois, un nouveau dialogue soit établi avec la direction», a-t-elle ajouté.

Une cinquantaine de surveillants en colère, qui bloquaient l'entrée de la prison depuis l'aube, avaient accueilli mardi matin la ministre en chantant La Marseillaise, et en lançant des slogans réclamant notamment «des moyens financiers, des moyens humains!».

«On ne lâche pas le mouvement qui est national. On pense à tous les autres collègues de France», a assuré Grégory Strzempek, secrétaire local du syndicat l'Ufap-Unsa, se disant globalement satisfait des propositions de la ministre.

Le président Emmanuel Macron a de son côté annoncé «un plan pénitentiaire global» d'ici à la fin février, portant notamment sur l'immobilier des prisons - 15 000 places supplémentaires prévues pendant son quinquennat -, le renseignement pénitentiaire et les personnels.

L'Union syndicale des magistrats (USM) a rappelé lundi que «les prisons françaises (étaient) tristement célèbres pour leur vétusté et leur surpopulation».

Lundi, 139 des 188 centres pénitentiaires de France ont  été «impactés à des degrés divers», soit par des blocages totaux, partiels, des piquets de grève, des débrayages ou des retards, selon l'administration pénitentiaire.