Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a violemment attaqué les États-Unis lundi, dénonçant la position américaine sur les grands dossiers internationaux - Iran, Syrie, Corée du Nord - et accusant Washington de refuser «la réalité d'un monde multipolaire».

Lors de sa conférence de presse bilan de 2017, le chef de la diplomatie russe a profité de quasiment toutes ses réponses pour critiquer les États-Unis avec lesquels les relations restent au plus bas près d'un an après la prise de fonction de Donald Trump.

«Malheureusement, nos collègues américains et leurs alliés continuent de vouloir imposer leurs vues en se basant exclusivement sur le diktat et l'ultimatum. Ils ne veulent pas écouter les points de vue d'autres centres de la politique mondiale», a déclaré M. Lavrov, ajoutant «qu'ils ne veulent même pas reconnaître la réalité d'un monde multipolaire».

«Ils utilisent de nombreuses méthodes, du déploiement d'un système global de défense antimissile aux sanctions unilatérales, à l'extra-territorialité de leur propre législation et aux menaces de résoudre tout problème international uniquement selon leur propre scénario», a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie russe a ajouté que 2017 avait été une année «compliquée», évoquant «les nombreux foyers de tensions dans différentes régions du monde» et précisant que «les menaces de Washington ont sérieusement aggravé la situation», citant la crise dans la péninsule coréenne.

Le ministre russe a également critiqué le projet de bouclier antimissile américain en Asie, qui doit être étendu au Japon, et a accusé Washington de continuer à oeuvrer pour un changement de régime en Syrie.

Sergueï Lavrov s'est aussi longuement étendu l'Iran, exprimant son inquiétude après l'ultimatum du président américain Donald Trump pour obtenir un durcissement de l'accord sur le nucléaire iranien.

«Les dernières déclarations (du président américain) ne suscitent pas l'optimisme et ne renforcent pas la stabilité» de l'accord, a-t-il déclaré, assurant que Moscou continuerait de «s'assurer que les États-Unis acceptent la réalité, et la réalité, c'est que l'Iran remplit ses obligations».

«Préserver les intérêts»

Ces commentaires arrivent à quelques jours du premier anniversaire de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, considéré lors de son élection comme étant proche de Moscou et dont plusieurs membres de l'équipe de campagne sont sous le coup d'une enquête pour «collusion» avec la Russie.

Mais les relations avec l'administration Trump sont plus compliquées que sous Obama, a précisé M. Lavrov. «Les actions de l'administration actuelle sont malheureusement dans la lignée de l'administration Obama, en dépit de la ligne du président Trump durant la campagne électorale. Dans certains domaines, elle exerce même plus de pressions», a-t-il déclaré.

Interrogé par la chaîne américaine CNN sur le fait que Moscou regrettait peut-être l'élection de Donald Trump, Sergueï Lavrov a émis un petit rire avant de répondre brièvement que «regretter quelque chose, ce n'est pas ce que font les diplomates».

«Nous travaillons avec les faits, et les faits que nous voyons aujourd'hui. C'est pourquoi nous faisons le nécessaire pour préserver les intérêts de la Russie dans les conditions actuelles», a-t-il assuré.

M. Lavrov a également accusé les États-Unis d'avoir «peur» d'une compétition à armes égales dans plusieurs domaines, notamment l'énergie et l'approvisionnement en gaz de l'Europe.