Le procès de Salah Abdeslam prévu lundi prochain à Bruxelles devrait «en toute logique» être reporté, après une demande en ce sens présentée mercredi par l'avocat Sven Mary, qui assure de nouveau la défense de ce suspect-clé des attentats parisiens du 13 novembre 2015.

Sven Mary «s'est manifesté, il a sollicité aujourd'hui (ce renvoi) et cela devrait être accepté» lundi par le tribunal, ont indiqué à l'AFP deux sources proches du dossier confirmant des informations de médias belges.

«Il est hautement probable que l'affaire sera remise», a dit de son côté Luc Hennart, président du tribunal de première instance francophone de Bruxelles, chargé d'organiser ce procès.

Le magistrat a confirmé à l'AFP que la demande de report émanait de Me Sven Mary, «intervenant au côté de Salah Abdeslam».

Ce Français d'origine marocaine âgé de 28 ans, qui a grandi à Bruxelles, est le seul survivant des commandos qui ont attaqué Paris le 13 novembre 2015, faisant 130 morts et des centaines de blessés.

Il est central dans l'enquête, car soupçonné d'avoir convoyé une dizaine de membres de la cellule djihadiste qui est aussi à l'origine des attentats-suicides de Bruxelles (32 morts le 22 mars 2016).

Salah Abdeslam doit être jugé dans la capitale belge pour la fusillade avec des policiers survenue le 15 mars 2016 dans une planque qui l'abritait à Forest, une commune bruxelloise, trois jours avant son arrestation.

Il doit répondre, avec un complice, de «tentative d'assassinat dans un contexte terroriste sur plusieurs policiers».

Selon une des sources proches du dossier jointes par l'AFP, le procès, qui devait se tenir du lundi 18 au vendredi 22 décembre, va être reporté à «quelques semaines», vraisemblablement courant janvier.

Les nouvelles dates seront annoncées lundi, lors d'une audience se résumant à un échange entre avocats et magistrats.

Ni Salah Abdeslam, incarcéré en France et dont le transfèrement sous haute sécurité a fait l'objet d'intenses discussions entre Français et Belges, ni son complice Sofiane Ayari ne seront extraits de cellule, selon des sources concordantes.

La Direction de l'Administration pénitentiaire française a confirmé un probable «report du procès, comme du transfert, de Salah Abdeslam en Belgique».

«Nous étions prêts à son transfert. Tout sera prêt lors de son procès, lorsqu'une nouvelle date aura été fixée», a-t-on ajouté de même source.

Un pénaliste belge réputé

Le parquet fédéral belge a refusé tout commentaire, tandis que Me Sven Mary n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Ce pénaliste belge réputé avait assuré la défense d'Abdeslam après son arrestation à Bruxelles le 18 mars 2016 à l'issue de quatre mois de cavale. Il l'avait assisté lors des premiers interrogatoires devant les enquêteurs belges.

L'avocat, secondé un temps par son confrère français Frank Berton, avait ensuite jeté l'éponge à l'automne 2016, se plaignant de l'attitude de son client.

Salah Abdeslam, incarcéré depuis fin avril 2016 à Fleury-Mérogis dans des conditions ultra-strictes, est toujours resté mutique face aux enquêteurs français depuis un an et demi.

Et c'est contre toute attente qu'il avait décidé en septembre dernier de comparaître pour le procès de la fusillade de Forest.

Il souhaitait initialement s'y défendre seul, mais l'hypothèse d'un retour de Sven Mary à ses côtés, susceptible d'entraîner un renvoi, n'a jamais été écartée par la justice belge.

Dans la perspective de cette audience, la famille de Salah Abdeslam avait pris contact il y a quelques mois avec Me Mary pour le convaincre d'assurer de nouveau sa défense.

Le palais de justice de Bruxelles se préparait ces jours-ci à vivre sous très haute sécurité pendant une semaine, même si la menace terroriste (fixée au niveau 3 - «possible et vraisemblable» - sur une échelle de quatre) devait rester inchangée.

Salah Abdeslam devait séjourner à la prison de Vendin-le-Vieil pendant la durée du procès et être transféré quotidiennement à Bruxelles escorté par des unités d'élite.