L'appartenance ou non à l'Union européenne est une «décision que doit prendre le peuple de Catalogne», a estimé le président indépendantiste catalan destitué Carles Puigdemont, dont les propos amers sur l'UE ont suscité lundi un tollé chez ses adversaires.

«Cette Union européenne, celle de Monsieur Juncker (le président de la commission, NDLR) et celle de Monsieur Tajani (le président du parlement), il est possible qu'il n'y ait pas beaucoup de gens qui veuillent en faire partie», a-t-il déclaré à la chaîne Telecinco, dimanche soir.

Selon le quotidien catalan La Vanguardia, il a tenu des propos similaires à la chaine publique israélienne Canal 1 Kan, dans une émission qui doit être diffusée lundi.

«Je suis partisan de l'UE, je suis partisan de l'euro, et je vais travailler pour changer l'UE et renforcer l'euro, mais finalement, comme nous l'avons dit jusqu'à maintenant, c'est une décision que doit prendre le peuple de Catalogne», a encore déclaré le chef de file indépendantiste.

Ses propos ont provoqué de vives réactions chez ses adversaires lundi, dans un contexte de campagne préélectorale en vue des élections régionales du 21 décembre en Catalogne, région à majorité indépendantiste depuis septembre 2015.

«Il est absurde de prétendre que la Catalogne doit quitter l'UE, évidemment je crois que l'UE est la région du monde avec le plus haut niveau de démocratie, de libertés, de droits de l'Homme», a réagi lundi le chef du gouvernement Mariano Rajoy.

«Tout cela est déplacé», a-t-il ajouté. Le chef du parti de centre-droit Ciudadanos Albert Rivera est de son côté allé jusqu'à comparer M. Puigdemont à l'eurosceptique Marine Le Pen en France.

M. Puigdemont, visé par un mandat d'arrêt de la justice espagnole pour «rébellion» lié à la déclaration d'indépendance du parlement catalan le 27 octobre, fait campagne depuis Bruxelles pour les élections régionales, dirigeant une liste qui se veut transpartisane, «Ensemble pour la Catalogne».

Samedi, en présentant cette liste depuis la Belgique, il avait aussi estimé que lors des élections les Catalans devront «ratifier» leur volonté d'indépendance.

Les indépendantistes reprochent aux institutions européennes d'avoir serré les rangs autour du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy en soutenant l'unité de l'Espagne et sans critiquer trop ouvertement les violences policières qui ont émaillé le référendum d'autodétermination interdit organisé le 1er octobre par l'exécutif séparatiste.

«Nous voulons participer à la construction d'une autre Union européenne (....) si une majorité de citoyens de notre pays veut un référendum (sur l'UE), nous en parlerons», a déclaré aussi lundi la chef de file de l'autre grand parti indépendantiste, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), Marta Rovira.