Le président français Emmanuel Macron a affirmé dimanche avoir «engagé les démarches» afin que la Légion d'Honneur, haute distinction française, soit retirée au producteur américain de cinéma Harvey Weinstein, accusé de viols, agressions ou harcèlement sexuels.

«Oui, j'ai engagé les démarches pour en effet retirer la Légion d'Honneur, en tout cas j'ai demandé au grand chancelier de l'Ordre de procéder à une procédure disciplinaire, il prendra la décision», a affirmé M. Macron sur TF1 lors de son premier grand entretien télévisé depuis son accession à l'Elysée en mai.

«Je souhaite en effet, comme ces actes manquent à l'honneur, que nous en tirions toutes les conséquences» a insisté le chef de l'Etat.

L'avis, obligatoire, de la grande chancellerie de la Légion d'honneur a été sollicité pour que celle-ci «examine rapidement l'affaire au vu de la gravité des faits» et du comportement de toute évidence «contraire à l'honneur» du producteur américain, avait indiqué l'Elysée dimanche.

Le code de la Légion d'Honneur prévoit pour les Français qu'un «comportement contraire à l'honneur» peut conduire à un blâme, une suspension ou une exclusion de l'ordre. Pour les étrangers, une seule mesure est prévue, celle du «retrait» de l'ordre. La mesure fait alors l'objet d'un décret signé du président de la République, Grand maître de l'ordre.

Crée par l'empereur Napoléon Ier au début du XIXe siècle, la Légion d'Honneur est une distinction qui récompense les civils et les militaires pour leurs actes et les services rendus à la France. De nombreux artistes se la voient décerner.

Harvey Weinstein avait été fait chevalier de la Légion d'honneur en mars 2012 par Nicolas Sarkozy.

L'Académie américaine des Oscars a décidé samedi d'exclure le producteur américain de 65 ans, longtemps l'un des plus puissants producteurs d'Hollywood.

Harvey Weinstein, qui nie toute relation non consentie, est accusé de viol, d'agression ou de harcèlement sexuel par de nombreuses actrices, certaines mondialement connues, qui, depuis quelques jours, ont décidé de briser le silence sur un comportement qui dure depuis des années.

Il est déjà arrivé que la grande chancellerie de la Légion d'honneur décide un retrait de décoration notamment après une condamnation. Cela a ainsi été le cas pour le champion cycliste américain Lance Armstrong, qui avait avoué début 2013 s'être dopé et a perdu sa décoration en 2014, et pour le couturier britannique John Galliano, condamné en septembre 2011 pour injures antisémites.