Le premier ministre roumain Mihai Tudose et le chef des sociaux-démocrates Liviu Dragnea ont trouvé un accord jeudi sur un remaniement ministériel, évitant in extremis une nouvelle crise politique trois mois après le renversement du précédent gouvernement de gauche.

«Il n'y a pas eu de guerre et il n'y a pas de gagnant», a déclaré M. Tudose, le visage fermé, à l'issue d'une réunion de six heures de son Parti social-démocrate (PSD).

M. Tudose, 50 ans, avait annoncé lundi son intention de remanier le gouvernement, installé fin juin, afin de remplacer de deux ministres visées par des enquêtes du Parquet anticorruption (DNA) et dont le maintien en fonction était «mal vu par Bruxelles», selon lui.

Or le PSD, en conflit ouvert avec les magistrats anticorruption, avait explicitement exprimé son soutien aux deux ministres. Un soutien reconfirmé «à l'unanimité» jeudi soir par plusieurs dizaines de responsables sociaux-démocrates, selon M. Dragnea.

Les deux ministres visées, Sevil Shhaideh et Rovana Plumb, chargées respectivement du Développement régional et des Fonds européens, ainsi que leur collègue des Transports Razvan Cuc, ont néanmoins présenté leur démission, «afin de ne pas nuire à l'action du gouvernement», a précisé M. Dragnea.

Désavoué par ses camarades, M. Tudose, qui avait auparavant dénoncé «l'immixtion» du PSD dans les décisions de son gouvernement, s'est dit «prêt à démissionner si le parti (le lui) demandait».

Il n'a plus évoqué son intention de choisi lui-même les successeurs des démissionnaires, comme il l'avait annoncé lundi.

De telles «libertés» avaient déjà coûté la tête au prédécesseur de M. Tudose. Sorin Grindeanu avait été débarqué fin juin par une motion de censure déposée par son propre parti, alors que, selon les analystes, M. Dragnea voulait nommer un cadre plus «soumis» à la tête du gouvernement.

Le tout puissant chef du PSD ne peut lui-même occuper le poste de premier ministre en raison d'une condamnation à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale. Il est également jugé pour «abus de pouvoir» dans une affaire d'emplois fictifs.

Revenu au pouvoir en décembre, le PSD, héritier de l'ancien parti communiste, avait provoqué une vague de contestation sans précédent en Roumanie quand il avait tenté d'assouplir la législation anticorruption. Confronté à des manifestations géantes, le gouvernement avait fait machine arrière.