Les célébrations auront été de courte durée. Le parti d'extrême-droite Alternative für Deutschland (AfD), devenu hier soir le premier parti de cette mouvance à entrer au parlement allemand depuis la Seconde Guerre mondiale, a éclaté lundi matin lorsque sa présidente a fait défection de façon spectaculaire.

Frauke Petry a annoncé en pleine conférence de presse qu'elle ne siégerait pas au parlement avec ses collègues du parti, mais plutôt comme indépendante, parce qu'elle jugeait que son propre parti était devenu trop radical. Elle a aussitôt quitté l'événement, devant la lentille de dizaines de caméras.

La politicienne a qualifié la formation politique «d'anarchique», ajoutant qu'elle «ne donnait pas aux électeurs une offre crédible pour la prise de pouvoir». Sur sa page Facebook, elle ajouté que son parti «mettait de plus en plus de côté ses membres modérés''.

L'AfD a recueilli quelque 13% des voix exprimées lors des élections de dimanche, devant subitement la troisième force politique d'Allemagne. Les deux grands partis traditionnels, les conservateurs d'Angela Merkel et ses rivaux sociaux-démocrates, ont enregistré des scores historiquement bas.

Mme Petry a été marginalisée à l'intérieur de son propre parti depuis le printemps dernier, alors qu'elle échouait à devenir candidate au poste de chancelière. Les militants ont préféré confier le devant de la scène à Alexander Gauland et Alice Weidel.

En entrevue avec La Presse, il y a deux semaines, Mme Petry était étonnamment critique de ses propres troupes, regrettant que «certains [des] représentants [du parti] discutent de leurs idées personnelles qui ne sont pas toujours compatibles avec le programme». 

Mme Petry est bien connue en Allemagne pour avoir suggéré, au plus fort de la crise des migrants, que les forces de l'ordre ouvrent le feu pour empêcher les entrées illégales sur le territoire allemand.