Le président russe Vladimir Poutine s'est inquiété vendredi de l'escalade des tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord, mettant en garde contre «un conflit d'ampleur» dans la péninsule, tandis que Paris décrivait une situation «très grave».

«Les problèmes de la région ne devraient être réglés que via un dialogue direct entre toutes les parties concernées, sans aucune condition préalable», a déclaré M. Poutine dans un communiqué publié avant le sommet des BRICS prévu du 3 au 5 septembre en Chine.

«Les provocations, la pression et les rhétoriques militaires et insultantes sont une impasse», a-t-il poursuivi, ajoutant qu'espérer que «seule la pression mettra un coup d'arrêt au programme nucléaire et balistique de Pyongyang est erroné et futile».

Le président russe a estimé que la péninsule coréenne se trouvait actuellement «au bord d'un conflit d'ampleur», appelant une nouvelle fois à soutenir la feuille de route proposée par Moscou et Pékin pour désamorcer la crise.

Moscou et Pékin ont proposé à plusieurs reprises un double «moratoire»: l'arrêt simultané des essais nucléaires et balistiques nord-coréens d'une part et celui des manoeuvres militaires conjointes des États-Unis et de la Corée du Sud d'autre part.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait déjà appelé mercredi, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue américain Rex Tillerson, à ne pas recourir à la force militaire contre la Corée du Nord après son tir de missile au-dessus du Japon.

De son côté, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a mis en garde contre une situation «très grave», estimant que la Corée du Nord aurait «dans quelques mois les moyens de toucher par l'arme nucléaire les États-Unis, voire l'Europe».

«On voit une Corée du Nord qui se fixe comme objectif d'avoir demain des missiles permettant de transporter l'arme nucléaire. Dans quelques mois, cela sera une réalité et à ce moment-là, quand elle aura les moyens de toucher par l'arme nucléaire les États-Unis, voire même l'Europe, et au moins le Japon et la Chine, la situation sera explosive, c'est pourquoi il faut anticiper», a-t-il dit sur la radio privée RTL.

«Il faut que la Corée du Nord retrouve le chemin des négociations», a-t-il insisté. M. Le Drian a échangé jeudi par téléphone avec son homologue chinois Wang Yi sur les moyens de trouver une issue à la crise, selon l'agence Xinhua.

Avec la menace proférée par le président Donald Trump de déchaîner le «feu et la colère» sur Pyongyang et le tir mardi d'un missile nord-coréen qui a survolé le nord du Japon, les tensions ont redoublé d'intensité au cours du mois écoulé.

La Corée du Nord a prévenu que d'autres tirs de missiles allaient suivre avec le Pacifique pour cible, tandis que les États-Unis ont fait démonstration de leur force jeudi avec un exercice à munitions réelles en Corée du Sud.

Ces exercices sont intervenus après des manoeuvres annuelles entre les deux pays perçues comme une provocation par la Corée du Nord, qui justifie ses ambitions militaires par la nécessité de se protéger des États-Unis.