Le principal suspect dans l'attaque au couteau de Turku en Finlande, Abderrahman Mechkah, 18 ans, qui a fait deux morts et huit blessés vendredi, « s'intéressait aux idéologies extrémistes », d'après les signalements reçus par les services de renseignement finlandais (Supo).

Cette attaque survenue en pleine rue dans cette ville du sud-ouest de la Finlande a été qualifiée de « terroriste » par les autorités, mais le mobile demeure inconnu.

Si son caractère terroriste était confirmé, ce serait une première dans ce pays nordique.

Les Supo ont précisé lundi que la police locale avait reçu une information concernant Abderrahman Mechkah en début d'année.

« D'après le signalement, l'homme semblait s'être radicalisé et s'intéressait aux idéologies extrémistes. Les Supo avaient également été informés », ont-il expliqué dans un communiqué. Mais, d'après eux, « le signalement ne contenait aucune information sur une quelconque menace d'attaque ».

Interrogée par l'AFP, la porte-parole des Supo Verna Leinonen a déclaré « ne pas pouvoir commenter » et donc dire s'il s'agissait d'une radicalisation islamiste et comment il s'est radicalisé.

En juin, les Supo avaient relevé d'un cran leur évaluation du risque d'attaque terroriste et annoncé avoir repéré une activité du groupe État islamique (EI) susceptible de viser la Finlande. Le risque est désormais au niveau deux sur une échelle de quatre.

Les services de sécurité disaient particulièrement surveiller « 350 individus », soit « environ 80 % de plus » qu'en 2012. Antti Pelttari, le chef des Supo, avait précisé sur la radiotélévision publique finlandaise Yle que l'assaillant ne figurait pas sur cette liste.

Séjour en Allemagne

Le tribunal saisi de l'affaire n'a pas donné la nationalité du suspect. La police avait auparavant précisé qu'il s'agissait d'un demandeur d'asile marocain, arrivé en Finlande en 2016, qui avait délibérément visé des femmes pendant l'attaque de vendredi.

Deux Finlandaises, nées en 1951 et en 1986, ont été tuées dans l'attaque et huit autres personnes, six femmes et deux hommes, ont été blessées, selon les autorités.

D'après les médias finlandais, l'homme s'est vu refuser sa demande d'asile en Finlande, une information qui n'a pas été confirmée officiellement.

Contacté par l'AFP, le chef du Bureau national d'enquête (BNE) a déclaré que « le principal suspect était en plein processus de demande d'asile en Finlande, il a fait appel de la décision reçue », sans préciser si celle-ci était positive ou négative.

Dans le même temps, le ministère de l'Intérieur a déclaré lundi qu'Abderrahman Mechkah avait séjourné en Allemagne « de fin 2015 à début 2016 ».

Il n'y a « pas demandé l'asile », mais il était enregistré dans les fichiers de la police allemande en temps qu'immigré clandestin, a ajouté Annegret Korff, porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Les autorités allemandes sont en contact étroit avec leurs homologues finlandais, a fait savoir le ministère.

Le suspect devant le juge mardi

Dimanche, la police a pu interroger pour la première fois Abderrahman Mechkah, toujours hospitalisé après avoir reçu une balle dans la jambe au moment de son interpellation, quelques minutes après l'attaque.

Selon le BNE, Il sera présenté mardi à un juge par liaison vidéo à partir de l'hôpital. Et ce en vue de son placement en détention provisoire.

Quatre Marocains en lien avec l'assaillant avaient également été arrêtés dans la nuit de vendredi à samedi, au cours de deux perquisitions, dans un centre pour demandeurs d'asile et dans un appartement, à Turku.

« Ils sont soupçonnés d'avoir participé aux meurtres et aux tentatives de meurtre commis avec une intention terroriste. Ils nient toute implication dans les faits », a fait savoir dans un communiqué le BNE, qui a demandé leur placement en détention provisoire.

Les SUPO disent avoir enregistré plus de 1000 signalements similaires à celui d'Abderrahman Mechkah.

« Notre objectif est d'étudier tous les signalements, mais afin de pouvoir les passer tous en revue, nous devons fortement les prioriser. Les signalements contenant des informations sur une menace concrète doivent être la priorité », ont-ils déclaré.

Depuis 2015, 247 citoyens marocains ont demandé l'asile en Finlande, a annoncé lundi le Service d'immigration finlandais.

Entre 2015 et fin juillet 2017, 294 demandeurs d'asile marocains se sont vu notifier une décision, dont 32 ont obtenu un droit d'asile ou un permis de séjour.

Le chef de la police nationale, Seppo Kolehmainen, a annoncé sur Twitter que le niveau d'alerte était redescendu, après avoir été relevé d'un cran vendredi.