Un homme d'une trentaine d'années qui, selon les autorités, souffre de troubles psychiatriques a été interpellé lundi à Marseille, dans le sud-est de la France, après avoir foncé au volant d'une camionnette sur deux abribus, faisant un mort et un blessé.

Dans un pays traumatisé par une série d'attentats jihadistes qui ont au total fait 239 morts depuis 2015 et quelques jours après deux attaques au véhicule-bélier en Espagne revendiquées par le groupe État islamique, les autorités ont rapidement fait savoir que la piste terroriste n'était pour l'heure pas retenue.

«Il n'y a aucun élément permettant en l'état de qualifier cet acte d'acte terroriste», a dit à l'AFP le procureur de la République de Marseille Xavier Tarabeux, pour qui l'enquête «s'oriente plutôt vers une piste psychiatrique».

Le magistrat a demandé un «examen psychiatrique» du suspect qui était en cours lundi dans le cadre de sa garde à vue. Les enquêteurs espèrent ensuite pouvoir l'entendre sur ses actes. L'homme arrêté, né dans le centre-est de la France en 1982, avait été «condamné à plusieurs reprises», notamment pour un vol avec violence.

Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a quant à lui condamné «la folie meurtrière d'un individu ayant séjourné plusieurs fois en hôpital psychiatrique».

Entre 6h30 et 7h30 GMT, un fourgon Renault Master a foncé sur un premier arrêt de bus dans le 13e arrondissement (nord-est de Marseille), blessant grièvement une piétonne qui a été hospitalisée pour une fracture du bassin.

La fourgonnette a ensuite fauché, à un autre arrêt de bus, en bordure d'une zone commerciale du 11e arrondissement, une femme de 42 ans, qui a péri.

Le véhicule a quelques minutes plus tard été immobilisé par la police sur le Vieux-Port, au coeur de cette grande ville de la côte méditerranéenne, et le conducteur interpellé. La camionnette avait été volée, selon le parquet.

Autour de l'abribus où la femme a été mortellement fauchée, des bris de verre jonchaient le sol, non loin d'un établissement de restauration rapide où travaille Nicolas Negre, 32 ans, qui déchargeait des marchandises au moment du choc, à une dizaine de mètres de lui. «J'ai entendu un gros boum, j'ai cru à un accident bénin, mais après, j'ai vu la camionnette qui avait le côté droit enfoncé partir à fond, ses pneus crissaient».

«Ça n'a duré que quelques secondes» avant que le véhicule ne reparte «tellement vite qu'il aurait tout défoncé devant lui».

«L'air agressif»

Le secteur du Vieux-Port a été complètement bouclé. Une centaine de policiers, ainsi que des pompiers et des militaires, étaient mobilisés.

Badauds et riverains avaient le visage fermé. Pierre Magliozzi 24 ans, a dit avoir assisté à l'arrestation du suspect. «J'étais en train de faire des travaux de maintenance sur mon bateau quand j'ai entendu un homme hurler : "Sors du véhicule !" J'ai levé la tête et j'ai vu un policier en civil avec une très grosse arme».

«Il y a eu deux ou trois minutes de flottement, a-t-il poursuivi, et l'homme est sorti du véhicule, il s'est débattu. Il était assez costaud (...) et avait l'air agressif. Il n'était pas armé».

«Je suis toujours sous le choc de Barcelone. C'est difficile de voir ça et de se dire que ça peut arriver à l'endroit où l'on vit», a déclaré à l'AFP la voix tremblante Armando Dos Santos, un habitant du quartier.

Cet incident à Marseille survient dans un contexte de forte menace terroriste en Europe, quatre jours après deux attaques islamistes au véhicule-bélier sur la côte catalane, à Barcelone et Cambrils, qui ont fait 15 morts et plus de 120 blessés jeudi et vendredi derniers.

Ce type d'attaque s'est multiplié en Europe depuis le sanglant attentat de Nice (sud-est de la France), perpétré au volant d'un camion, qui avait fait 86 morts le 14 juillet 2016.

En France, six militaires ont récemment été blessés début août en région parisienne, délibérément renversés par une voiture. Le conducteur présumé - un Algérien de 36 ans - blessé au moment de son arrestation, n'a pas encore pu être interrogé sur son mobile.

La plupart de ces attaques ont été inspirées ou revendiquées par les djihadistes de l'État islamique, mais certaines semblent avoir été des gestes de folie.