L'homme qui a foncé sur une pizzeria lundi soir en région parisienne, tuant une adolescente et blessant 13 personnes, est un consommateur de stupéfiants et présente de «graves troubles» psychologiques.

Dans un pays traumatisé par une série d'attentats depuis deux ans, les autorités françaises avaient, au vu des premiers éléments, écarté dès lundi soir une piste terroriste, moins d'une semaine après une attaque à la voiture-bélier contre des militaires en banlieue ouest de la capitale.

«Les premiers éléments d'audition confirment qu'il n'y a pas de mobile terroriste dans cette affaire», a souligné mardi Dominique Laurens, procureure de Meaux. «Ce qui apparaît, c'est que l'individu présente de graves troubles sur le plan psychologique», a-t-elle ajouté.

Le procureur adjoint, Eric de Valroger, a répété qu'un mobile terroriste était «totalement écarté».

Après avoir dit dans un premier temps qu'il avait pris «une quantité importante» de médicaments dimanche car il «envisageait de se suicider», «l'intéressé tient des propos incohérents», a poursuivi le magistrat.

Un dépistage urinaire aux stupéfiants, qui doit être confirmé par une analyse sanguine, s'est révélé «positif» chez le suspect, qui s'est déclaré «très gros consommateur de produits stupéfiants», selon M. de Valroger.

Agé de 32 ans, ce vigile «en arrêt depuis plusieurs mois après un accident de travail», a vu retenues contre lui notamment les qualifications judiciaires de «meurtre aggravé», «tentative de meurtre aggravé», «tentative de meurtre» et «conduite sous l'effet de stupéfiants», selon le procureur adjoint de Meaux. Il sera présenté mercredi devant un juge d'instruction.

En début de soirée lundi, il est sorti de la route sur laquelle il roulait dans sa BMW pour foncer sur la terrasse d'une pizzeria dans le village de Sept-Sorts, à l'est de Paris, et venir s'encastrer dans le restaurant.

Une adolescente d'une douzaine d'années a été tuée et cinq personnes - dont le petit frère de trois ans de la victime - grièvement blessées.

Parmi ces cinq blessés graves, une femme de 44 ans, a encore son pronostic vital engagé, a déclaré le procureur adjoint. Sept autres personnes se trouvaient en état d'urgence relative et 25 autres ont été «impactées» psychologiquement.

Des enquêteurs s'affairaient mardi derrière la bâche noire installée devant la pizzeria située dans une zone commerciale entourée de champs.

Venu déposer un bouquet de roses rouges pour «un petit hommage», Jérôme Calvez, qui travaille à côté, a confié à l'AFP: «c'est choquant de se dire que des gens sont capables de faire ça à d'autres, qui n'ont rien fait».

«Sous le choc»

Pour cette commune de 491 habitants, «c'est un drame absolu», a lâché Alain Lecomte, premier adjoint au maire. «Nous sommes sous le choc».

Le maire François Arnoult a indiqué avoir, «comme tout le monde», «d'abord pensé à un attentat terroriste».

Le conducteur est inconnu des services de renseignements comme de la justice, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet.

Ce jeune homme «avait beaucoup de diplômes mais ne parvenait pas à trouver du boulot. Dernièrement, il avait travaillé dans le gardiennage», a raconté une voisine, Elise Brunet, dont les enfants sont amis avec lui.

«Ce soir, je pense aux victimes et à leurs proches. Merci aux gendarmes et aux secours pour leur mobilisation. SeptSorts», a tweeté le président français Emmanuel Macron.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a fait part à la famille de la jeune fille décédée de ses condoléances, auxquelles se sont associés le chef de l'État et le Premier ministre Edouard Philippe.

Les faits sont intervenus dans un contexte de menace terroriste élevée: la France est confrontée depuis 2015 à une vague d'attentats jihadistes sans précédent qui ont fait 239 morts.

La dernière attaque, sur laquelle enquête le parquet antiterroriste, remonte à mercredi: un homme de 36 ans, Hamou B., a renversé à bord de son véhicule six soldats en patrouille dans la banlieue ouest de Paris.