La police londonienne envisage d'ouvrir des poursuites pour homicide contre les autorités locales du quartier de Kensington et Chelsea, où l'incendie d'une tour de logements sociaux avait fait au moins 80 morts en juin, selon un courrier rendu public jeudi.

Dans ce courrier adressé à la municipalité locale et au Kensington and Chelsea Tenant Management Organisation (KCTMO), l'organisme public en charge de l'administration du parc de logements sociaux du quartier, l'officier en charge de l'enquête explique qu'il a des «motifs raisonnables de suspecter que chacun des (deux) organismes a pu commettre le délit d'homicide».

Il cite «l'énorme quantité de matériel récupéré et les nombreux témoignages recueillis» pour justifier ses soupçons et précise vouloir entendre prochainement un responsable municipal et de KCTMO.

Le bilan de l'incendie, qui le 14 juin a ravagé la tour Grenfell, un bâtiment de 24 étages, est d'au moins 80 morts mais pourrait encore s'alourdir, des personnes étant encore portées disparues.

Les habitants ont mis en cause le revêtement récemment posé sur l'immeuble dans la propagation rapide de l'incendie, parti d'un feu de réfrigérateur. Il était composé de plaques de composite d'aluminium et de plastique.

Ils ont également accusé les autorités locales de ne pas avoir écouté leurs cris d'alerte concernant la sécurité du bâtiment parce qu'ils provenaient d'une population majoritairement modeste.

Jeudi, la famille et les amis de cinq des victimes de l'incendie, dont deux enfants de 12 et 5 ans, se sont rassemblés pour un service oecuménique en leur souvenir.

Le service s'est ouvert sur la chanson de Michael Jackson Heal the world, avant que des proches ne prennent la parole.

«C'était un endroit heureux. Et maintenant c'est une zone de guerre, sanglante et noire, pleine de cendres et de squelettes. Et de voix silencieuses qui ne seront jamais entendues», a dit Adelaide Mendy, tante de l'une des victimes, selon des propos rapportés par l'agence PA.