Le président américain Donald Trump rompt avec la tradition en se rendant en Pologne, un ancien pays communiste, avant d'aller visiter ses alliés naturels, le Royaume-Uni, la France ou l'Allemagne.

M. Trump ira mardi en Pologne quelques jours avant le sommet des pays du G20, à Hambourg, en Allemagne. La Maison-Blanche a souligné l'importance de la Pologne dans l'OTAN et le potentiel du pays comme partenaire en matière d'énergie.

Les dirigeants populistes en Pologne, dont les idées ressemblent beaucoup à celles de Donald Trump, accueilleront le président à bras ouverts, eux qui ont pris le pouvoir en adoptant la même rhétorique nationaliste et anti-musulmane.

Comme M. Trump, ces politiciens souhaitent redonner plus de pouvoirs au gouvernement polonais et affaiblir les institutions internationales telles que l'Union européenne (UE). Certains observateurs de la scène politique s'inquiètent que cette visite puisse creuser encore davantage le fossé entre la Pologne et ses partenaires de l'UE. D'autres craignent que la visite de M.Trump n'encourage le gouvernement polonais à accélérer ce que l'UE considère comme l'érosion de la règle de droit.

Une foule enthousiaste à Varsovie

Donald Trump peut s'attendre à être accueilli par une foule enthousiaste à Varsovie, où il doit offrir un discours télévisé devant tout le pays.

En fait, selon certains médias, c'est ce qu'a promis le gouvernement polonais à la Maison-Blanche en invitant le président. Pour honorer cette promesse, les députés du parti au pouvoir et des militants progouvernement prévoient transporter des gens en autobus pour qu'ils assistent au discours de M. Trump.

Un accueil chaleureux serait le bienvenu pour le président, qui avait été reçu plutôt tièdement lors de son dernier séjour en Europe, en mai.

Et quelques jours plus tard, lorsqu'il se rendra à la rencontre du G20, l'accueil pourrait être encore plus glacial en raison de la décision de l'administration Trump de retirer les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat.

La Pologne veut être rassurée sur la défense

Certains membres de l'UE se sont montrés irrités face aux demandes répétées de Donald Trump d'augmenter leurs dépenses militaires, mais la Pologne ne devrait pas se faire critiquer sur ce front: le pays est l'un des membres de l'alliance militaire qui dépense les 2% du PIB requis. Mais plusieurs Polonais espèrent entendre M. Trump s'engager à respecter l'article 5 de l'OTAN, qui édicte qu'une attaque sur un membre est une attaque sur tous.

Après des mois de tergiversations, le président américain l'avait finalement dit en juin, en rencontrant son homologue roumain. Or, une telle déclaration serait reçue très favorablement dans une région inquiète de sa proximité avec la Russie.

Les Américains d'origine polonaise votent aux élections américaines

Les centaines de milliers de Polonais établis aux États-Unis représentent un électorat important dans plusieurs États clés, et l'année dernière, ils ont aidé M. Trump à maintenir une avance au Michigan, au Wisconsin et en Pennsylvanie.

Ils seront certainement reconnaissants de la visite de Donald Trump à Varsovie, surtout qu'il a décidé de s'adresser aux Polonais depuis la place Krasinski - un lieu qui symbolise l'héroïsme polonais pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Les liens en matière d'énergie

Lors de son séjour, Donald Trump participera aussi à un sommet consacré à l'Initiative des Trois Mers, qui vise à élargir et moderniser le secteur énergétique et les liens commerciaux des 12 pays situés entre les mers Baltique, Adriatique et Noire. L'un des objectifs principaux de cette initiative est de diminuer la dépendance énergétique de la région face à la Russie.

Selon ce projet, les exportations américaines de gaz naturel liquéfié - qui ont commencé à arriver en Pologne au début du mois de juin - auraient le potentiel de ravitailler encore davantage la région.