Fragilisés par le résultat des récentes législatives, les nationalistes écossais ont repoussé mardi la décision sur la tenue d'un nouveau référendum d'indépendance à l'automne 2018, soit après les négociations sur le Brexit.

«Nous n'introduirons pas de législation pour un référendum d'indépendance immédiatement», a déclaré la première ministre écossaise Nicola Sturgeon devant le parlement écossais à Édimbourg, expliquant qu'elle voulait attendre le résultat des négociations avec Bruxelles.

Selon ce nouveau calendrier, un éventuel référendum n'aurait lieu au mieux qu'au printemps 2019 alors que la sortie effective du Royaume-Uni de l'Union européenne est prévue théoriquement pour le mois de mars.

Jusque-là, Mme Sturgeon avait dit vouloir organiser ce référendum entre fin 2018 et début 2019, après plusieurs mois de préparation, sachant qu'il lui faudra encore recevoir l'aval de Londres, très réticent à l'idée de voir l'unité du Royaume-Uni menacée par une nouvelle consultation.

Mais le rêve d'un référendum rapide des nationalistes écossais a pris du plomb dans l'aile après les législatives du 8 juin au Royaume-Uni qui ont vu le SNP essuyer de lourdes pertes.

Lors de ce scrutin, le Scottish national Party a perdu 21 sièges par rapport aux précédentes législatives de 2015 pour ne plus disposer que de 35 des 59 sièges du Parlement de Westminster alloués à l'Écosse.

Ce recul a amené Mme Sturgeon à «revoir» son calendrier sur un deuxième référendum d'indépendance auquel elle n'a cependant pas renoncé, a-t-elle insisté mardi.

«Nous subissons un Brexit pour lequel nous n'avons pas voté et il est plus extrême que la plupart l'auraient pensé il y a un an», a-t-elle souligné, rappelant que 62 % des Écossais avaient rejeté la sortie de l'Union européenne en 2016.

«Manque de crédibilité»

Reste que le chemin est semé d'embûches. Pour organiser une seconde consultation, Nicola Sturgeon aura déjà besoin de l'accord du gouvernement britannique et du Parlement de Westminster.

Or la première ministre britannique Theresa May lui a opposé une fin de non-recevoir jusque-là en répétant que ce n'était «pas le moment».

«Nicola Sturgeon devrait dire qu'elle abandonne complètement l'idée d'un deuxième référendum en Écosse. Je pense que c'est le message issu des élections législatives. L'heure est aujourd'hui au rassemblement du Royaume-Uni et non à la division», a déclaré mardi Mme May sur la BBC dans un entretien diffusé quelques minutes avant la prise de parole de Mme Sturgeon devant le Parlement écossais.

La cheffe des conservateurs écossais, Ruth Davidson, sortie renforcée du scrutin du 8 juin après avoir mené les Tories à leur meilleur résultat dans la région depuis trois décennies, a également conseillé à Mme Sturgeon de remiser son projet d'indépendance au placard.

«Une majorité d'Écossais ne veulent tout simplement pas en entendre parler», a-t-elle dit devant le Parlement écossais en accusant Nicola Sturgeon d'être «dans le déni» et de souffrir d'un «manque de crédibilité».

En 2014, lors d'un premier référendum sur la question, le non à l'indépendance écossaise l'avait emporté à 55 % contre 45 % à préférer le oui.

Kezia Dugdale, la dirigeante des travaillistes écossais, le deuxième parti d'opposition, a estimé, elle, que «la menace d'un deuxième référendum d'indépendance non désiré est morte et enterrée».

«Mais la première ministre se bouche les oreilles et continue à faire pression. Elle ne veut tout simplement rien entendre», a-t-elle déploré.