Le bilan des victimes de l'incendie qui a dévasté une tour de logements sociaux à Londres s'est alourdi vendredi à 30 morts, selon un bilan provisoire de la police, tandis que des dizaines de personnes étaient encore portées disparues.

«Nous savons qu'au moins trente personnes sont décédées à cause de l'incendie» de la tour Grenfell, dont une à l'hôpital, a déclaré Stuart Cundy, un chef de la police métropolitaine, ajoutant qu'il pensait que ce chiffre allait augmenter.

Il a précisé que 24 personnes étaient toujours hospitalisées, dont 12 dans un état critique.

M. Cundy a ajouté que l'incendie, qui s'est déclenché dans la nuit de mardi à mercredi, était désormais éteint et que rien ne laissait penser qu'il avait été délibérément provoqué.

Plus tôt, incapable de donner le nombre de personnes disparues, il a dit espérer que cela n'atteigne pas «un nombre à trois chiffres». Près de 600 personnes habitaient dans cet immeuble de 120 appartements.

Selon les médias britanniques, 70 personnes manqueraient à l'appel.

«Retrouver des survivants tiendrait du miracle», a déclaré la cheffe des pompiers Dany Cotton. Certaines victimes pourraient n'être jamais identifiées, a dit M. Cundy, en raison de la chaleur dégagée par le brasier.

«Colère justifiée»

La première ministre Theresa May a rendu visite à des blessés à l'hôpital de Chelsea et Westminster. Elle est vivement critiquée pour ne pas avoir rencontré les habitants du quartier lors de sa visite à la tour Grenfell la veille. La reine Elizabeth II s'est rendue sur place vendredi matin, saluant les secouristes et les résidents.

Trois jours après le déclenchement de l'incendie, l'immeuble de 24 étages continuait de dégager de la fumée, et ses niveaux les plus élevés restaient inaccessibles aux pompiers en raison de l'instabilité des sols.

Autour de la tour, des dizaines de personnes angoissées étaient à la recherche de leurs proches disparus. La colère aussi était palpable, alors que les mises en garde des habitants contre le danger d'un incendie ont été ignorées pendant des années.

Mis en cause aussi, le revêtement installé l'an dernier sur la façade, qui aurait favorisé la propagation de l'incendie.

Selon le Times, le recours à ce revêtement est proscrit aux États-Unis pour les immeubles dépassant 12 mètres de haut.

Le gouvernent a ordonné l'ouverture d'une enquête publique pour faire la lumière sur les raisons de la catastrophe.

«Il y a eu un gros problème ici, un problème dramatique», a déclaré vendredi le ministre des Communautés Sajid Javid, ajoutant que des inspections de bâtiments similaires allaient avoir lieu et qu'une attention particulière allait être portée aux revêtements.

«Nous devons faire tout ce qu'il faut pour mettre les personnes qui vivaient ici en sécurité», a-t-il encore dit, affirmant que les habitants allait être relogés à Londres, alors que les rescapés ont passé leur deuxième nuit dans des structures temporaires mises en place par les associations locales.

Jeudi, le maire de Londres Sadiq Khan avait été pris à partie. «Combien d'enfants sont morts? Qu'est-ce que vous allez faire?», lui a lancé un enfant hissé sur les épaules de sa mère. «C'est une colère justifiée», a estimé M. Khan.

Alors que la raison de l'incendie demeurait inconnue, le Times a relaté que c'est l'explosion d'un réfrigérateur dans un appartement du 4e étage qui pourrait l'avoir déclenché. Le résident aurait alerté les pompiers et prévenu ses voisins, avec qui il serait sorti de l'immeuble.

Première victime nommée

Pour le moment, seule une victime a été nommée. Il s'agit de Mohammed Alhajali, un réfugié syrien de 23 ans qui vivait au 14e étage et étudiait l'ingénierie civile à la West London University. Son frère aîné, qui était avec lui, a survécu et est hospitalisé.

«Mohammed avait entrepris un voyage dangereux pour fuir la guerre et la mort en Syrie, avant d'y être confronté ici, au Royaume-Uni, dans son propre foyer. Mohammed est venu dans ce pays pour sa sécurité et le Royaume-Uni a échoué à le protéger», a déclaré l'association Campagne pour la solidarité avec la Syrie.

Le sinistre, qui frappe un pays déjà endeuillé par plusieurs attentats, a suscité un vaste élan de solidarité: plus de 2,5 millions de livres ont été récoltées en faveur des victimes  et les dons de vêtements et de nourriture affluaient. Le gouvernement a annoncé le déblocage du fonds d'urgence pour les catastrophes.

«Cela fait 23 ans que j'habite dans cette tour et je ne me suis jamais senti en sécurité», a confié Soran Karimi, 31 ans, en recevant l'AFP dans un immeuble en face du Grenfell. «Les alarmes incendie ne fonctionnaient pas», a-t-il affirmé, se disant «très en colère». «Ici vit la classe ouvrière, des gens d'origines différentes, auxquels on ne prête pas attention».