Décidés à ce que «la vie continue», fidèles et touristes ont reformé mercredi l'habituelle queue devant la cathédrale Notre-Dame, au lendemain de l'attaque djihadiste sur son parvis. «Habitués», les Parisiens aussi ont repris leur routine.

Devant l'imposant édifice gothique, au coeur du Paris historique, plus aucune trace de l'attentat de mardi, lorsque Farid I. a agressé au marteau un policier de 22 ans, le blessant légèrement au cou, aux cris de «C'est pour la Syrie».

Depuis tôt le matin, des touristes absorbés à faire des égoportraits devant le monument, l'un des plus visités d'Europe, côtoient les policiers et les militaires en patrouille sur cette place.

«La présence de policiers partout me rassure quand même un peu», avoue Kirsty, une Américaine de 37 ans, qui a ensuite prévu d'aller visiter le Panthéon, où reposent de grands personnages de l'histoire de France, puis la Sainte-Chapelle, édifice emblématique du style gothique du XIIIe siècle.

À l'intérieur de la cathédrale, dans laquelle plusieurs centaines de personnes sont restées confinées pendant plus de deux heures après l'attaque, des visiteurs, nez en l'air et dépliants explicatifs à la main, se réapproprient l'espace. Comme chaque jour de la semaine, les messes de 8h00 et de 9h00 ont été célébrées dans le choeur.

Avant d'entrer, ils chuchotent un «désolé pour hier» au personnel de la cathédrale parisienne.

«Habitude»

«On avait prévu de venir visiter la cathédrale aujourd'hui et ce n'est pas un fou qui va nous arrêter, lance Joe, un solide Américain de 53 ans. On fait confiance à la police et puis, finalement, personne d'autre que l'idiot avec le marteau n'a été sérieusement blessé hier».

«Si on arrête de sortir, de voyager, ils auront un peu gagné. Alors, on continue», renchérit Hekla, une touriste islandaise de 21 ans.

Dans le café voisin, Le Notre Dame, situé sur le quai Saint-Michel, c'est un matin comme les autres. «C'est comme s'il n'y avait rien, les gens n'en parlent même pas, ils ont pris l'habitude», raconte Claude, derrière le bar, affairé à préparer des cafés.

L'attentat sur le parvis de la cathédrale immortalisée par Victor Hugo est le dernier en date d'une série sans précédent d'attaques djihadistes depuis 2015 en France. Elles ont fait 239 morts, et changé les mentalités et l'appréhension de la menace.

«La vie continue! C'est partout, dans les restos, les concerts... On peut se faire agresser n'importe où, mais on est habitués maintenant», assure Sandra Cuzin, 40 ans.

«Après les premières attaques, je faisais attention, surtout dans le métro. J'étais flippée, je n'étais pas à l'aise, je faisais attention aux gens et j'avais peur des mouvements de foule. Mais maintenant, je ne change plus rien à mes habitudes», confie Nina, une étudiante de 23 ans.

«Aujourd'hui, on a toujours aussi peur, mais on sait que plus personne n'est protégé nulle part, alors on continue à vivre!», lance Irma, 50 ans.