«Solide et stable»: c'est ainsi que Theresa May s'est présentée pour convaincre les Britanniques de la reconduire première ministre. Mais, à quatre jours des législatives et après trois attentats et des revirements de campagne, elle apparaît beaucoup plus fragile.

Deux jours après le nouvel et sanglant attentat djihadiste samedi à Londres, qui a fait sept morts et des dizaines de blessés, Theresa May n'en a pas moins maintenu le scrutin de jeudi, et annoncé dimanche la reprise de la campagne après une journée de suspension.

Au lendemain du choc du Brexit et après la démission de son prédécesseur conservateur David Cameron, elle lui a succédé en juillet 2016 après avoir su incarner une figure rassurante pour gérer les tumultes de la sortie de l'Union européenne.

«Brexit signifie Brexit», a répété à l'envi celle qui avait pourtant fait campagne du bout des lèvres en faveur d'un maintien dans l'UE, signifiant qu'elle ne dérogerait pas à sa mission.

Deuxième femme à accéder au poste de premier ministre après Margaret Thatcher, Theresa May est une femme grande et mince de 60 ans, à l'allure patricienne, aux cheveux gris coupés court et aux yeux assortis.

Elle a convoqué les élections anticipées de jeudi -- après avoir promis à plusieurs reprises de ne pas le faire -- pour tenter de renforcer sa courte majorité parlementaire avant les difficiles négociations du Brexit.

«Une vantarde qui s'effondre»

«Si j'étais assis à Bruxelles et que je vous regardais en pensant que vous êtes celle avec qui je vais négocier, je me dirais que vous êtes une vantarde qui s'effondre au premier signe de bataille», lui a lancé, impitoyable, le commentateur vedette de la télévision britannique, Jeremy Paxman, lors d'une émission diffusée sur Sky News et Channel 4, en l'attaquant sur ses revirements au cours de la campagne électorale.

Elle s'est révélée peu à l'aise dans l'exercice, se bornant au minimum requis quant aux bains de foule et refusant un face à face télévisé avec son rival Jeremy Corbyn.

Souvent comparée à son illustre prédécesseure «Maggie» Thatcher, Theresa May apparaît plus proche d'une Angela Merkel, la chancelière allemande, avec qui elle partage le fait d'être fille de pasteur, conservatrice, pragmatique, mariée de longue date et sans enfant.

Elles ont cependant une attitude diamétralement opposée vis-à-vis de Donald Trump, Angela Merkel étant en opposition ouverte quand Theresa May le préserve, allant jusqu'à relever que «les contraires s'attirent».

«Difficile», mais «bosseuse»

Theresa Brasier est née le 1er octobre 1956 à Eastbourne, ville côtière du sud-est de l'Angleterre. Après des études de géographie à Oxford, où elle rencontre son mari Philip, et un bref passage à la Banque d'Angleterre, elle est élue en 1986 conseillère du district londonien cossu de Merton avant de devenir en 1997 députée conservatrice à Maidenhead (sud de l'Angleterre).

De 2002 à 2003, elle devient la première femme secrétaire générale du parti conservateur.

En 2005, elle prête main-forte à David Cameron dans sa conquête du parti et est récompensée en 2010 en obtenant le portefeuille de l'Intérieur, qu'elle occupera jusqu'à sa prise de pouvoir en 2016. Elle y tiendra une ligne très ferme, qu'il s'agisse des délinquants, des immigrés clandestins ou des prêcheurs islamistes.

Présentée comme «une femme drôlement difficile» par l'ex-ministre Kenneth Clarke, député conservateur, celle dont le classicisme vestimentaire est atténué par des chaussures fantaisie notamment léopard, est jugée «calme», «bosseuse», «réservée, mais très abordable» par ses administrés interrogés par l'AFP après son arrivée au pouvoir.

Une de ses collaboratrices sous couvert de l'anonymat a salué «sa capacité de travail incroyable» et son «exigence», soulignant qu'«elle déteste le risque».

Pour tenter de corriger un déficit en chaleur humaine, elle a confié, lors d'une série d'interviews accordées avec son mari pendant la campagne, aimer notamment la marche et la cuisine et que l'artiste de rue Banksy n'était pas «sa tasse de thé».

En 2013, elle a révélé être diabétique, mais a insisté sur le fait que ça n'affectait pas sa carrière même si elle est contrainte de s'injecter de l'insuline plusieurs fois par jour. Il faut «faire avec», avait-elle dit stoïquement.