Le leader radical travailliste Jeremy Corbyn a encore fort à faire pour séduire l'électorat de la classe moyenne blanche et pro-Brexit, même s'il est encouragé par une embellie des sondages à une semaine des législatives.

Donné nettement battu il y a encore quelques semaines, le Labour a réduit une partie de son retard sur les conservateurs de la première ministre Theresa May, les derniers sondages faisant état d'un écart moyen de neuf points.

À seulement quelques jours du scrutin, chaque déplacement compte et c'est à Basildon, ville de 180 000 habitants située à l'est de Londres, que Jeremy Corbyn a choisi de faire campagne jeudi, accompagné des principaux responsables de son parti sur le dossier du Brexit.

Lors du référendum sur l'UE du 23 juin 2016, les habitants de cette ville composée majoritairement de blancs ont nettement voté (68,6%) pour quitter le giron européen. Et ce n'est pas Corbyn qui les contrariera.

«Nous confirmerons aux autres États membres que le Royaume-Uni quittera l'Union européenne. Cela ne fait aucun doute», déclare-t-il.

Mais les négociations sur le Brexit, a-t-il ajouté en dénonçant l'approche de Mme May sur le sujet, ne doivent pas se traduire par un rapport de force avec Bruxelles.

Sa vision du Brexit? Obtenir un accord susceptible de «transformer le Royaume-Uni en un pays doté de droits et de protections les plus forts, pour mettre fin à l'exploitation et à la dévalorisation du travail». 

Baromètre politique 

Remporter Basildon pourrait s'avérer stratégique. Située à environ une heure de route de Londres, la ville fait figure de baromètre politique: depuis qu'elle est devenue circonscription en 1974, elle a toujours voté pour le parti qui a fini par remporter la victoire.

Basildon «n'est pas dans la rupture, pas dans la révolution, pas dans le conflit», résume un photographe local, CJ   Clarke.

Et alors que Theresa May fait campagne en insistant sur la nécessité de la reconduire pour entrer dans les négociations avec Bruxelles avec un exécutif «stable», le sujet n'est guère porteur dans cette ville, où l'on parle plus volontiers de problèmes sociaux, de chômage, de drogue.

Comme cette histoire de «20 migrants qui ont sauté d'un camion», jeudi à la une du Basildon Echo, un journal local.

Pas étonnant finalement que le discours très social de Jeremy Corbyn y trouve un écho favorable.

«Ce qui compte, c'est la répartition des richesses», dit Dan Kattal, un Brexiter d'une cinquantaine d'années. Pour lui, Jeremy «est quelqu'un de très honnête. Et au final, c'est ce qui compte en politique».

«On ne peut pas penser seulement au Brexit», renchérit Betty Jeffrey, une femme de 77 ans dans un fauteuil roulant, préoccupée par les réductions de l'aide aux personnes à mobilité réduite.

Au Royaume-Uni, «les choses vont de mal en pis», grince-t-elle.

Cristopher McDonagh n'est pas loin de penser la même chose. Ce jeune homme de 22 ans a dû passer par l'aide social pour trouver un toit. Jeremy Corbyn, assure-t-il, «a de bonnes idées et des projets» et à «Basildon, nous avons besoin de plus d'argent pour les logements».

«Je ne fais pas confiance à Theresa May», lâche pour sa part Sarah Dowling, une enseignante de 50 ans qui vote Labour comme ses «parents» et «grands-parents», en croisant les doigts pour que la circonscription, actuellement détenue par un conservateur, tombe le 8 juin dans l'escarcelle du Labour.