Réouverture de la gare, retrait progressif de l'armée, reprise du travail après un week-end férié: la vie reprenait peu à peu son cours mardi à Manchester une semaine après l'attentat suicide qui a fait 22 morts, sur lequel l'enquête progressait «vite».

Jouxtant la Manchester Arena, où Salman Abedi s'est fait exploser lundi 22 mai à la sortie d'un concert, la Victoria Station a rouvert ses portes mardi matin en présence du maire Andy Burnham et du ministre des Transports Chris Grayling.

«J'avais la chair de poule en revenant à la gare pour la première fois. Demain la routine va reprendre le dessus. Il faut que la vie continue», a dit à l'AFP Sharon Glyn, 48 ans, en route pour son travail.

La gare avait été fermée pour permettre aux enquêteurs de récolter des indices. Quatorze suspects étaient toujours en garde à vue mardi, alors que la police continue à chercher des complices ayant participé à la préparation de cet attentat, revendiqué par le groupe État islamique.

«L'enquête a progressé très vite», a commenté le chef de la police de Manchester, Ian Hopkins, sur la BBC.

Il a confirmé que le kamikaze, un Britannique d'origine libyenne de 22 ans, était connu de la police, mais pour «des délits relativement mineurs», notamment des vols, commis lorsqu'il était adolescent en 2012, pas pour ses positions extrémistes.

«Dix-huit sites»

«Du point de vue de la police, c'est tout ce que nous avons. Je ne sais pas ce que les services de renseignement savaient ou ne savaient pas sur cet individu à ce moment», a-t-il ajouté.

Une enquête a été ouverte par le MI5 (renseignement intérieur) sur d'éventuels dysfonctionnements, puisqu'à trois reprises au moins des signes de radicalisation de Salman Abedi avaient été signalés aux autorités.

La police a publié lundi une nouvelle photo du kamikaze avec une grande valise bleue à roulettes. Elle n'a pas été utilisée dans l'attentat, mais l'auteur a été vu avec ce jour-là, a indiqué la police en lançant un nouvel appel à témoin.

«Les enquêteurs continuent à recueillir des indices sur dix-huit sites à travers le grand Manchester. Sur certains nous avons trouvé des objets d'une grande importance pour l'enquête», a souligné M. Hopkins.

La police cherche à reconstituer les faits et gestes du kamikaze depuis le 18 mai, date de son retour au Royaume-Uni après un séjour en Libye, évoqué par une source proche de la famille à l'AFP.

Abedi avait loué un appartement dans le centre de Manchester, sa ville natale, où il a probablement assemblé la charge avant de se faire exploser à la sortie d'un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande, selon les enquêteurs.

Liam Gallagher en solo

Grâce aux progrès de l'enquête, le niveau d'alerte terroriste au Royaume-Uni a été abaissé samedi de «critique» à «grave», signifiant qu'un attentat est «très probable», mais non plus «imminent». L'armée, qui avait été déployée en appui de la police tout le week-end dans des lieux publics, se retirait progressivement mardi.

Mardi soir, l'ancien chanteur d'Oasis, Liam Gallagher, fera ses débuts en solo à Manchester lors d'un concert dont les bénéfices seront reversés aux familles des victimes de l'attentat qui a également fait 116 blessés.

L'attentat a fait de la sécurité un des thèmes majeurs, avec le Brexit, de la campagne pour les législatives du 8 juin, qui a repris vendredi après avoir été suspendue au lendemain de l'attaque.

Mardi, la première ministre conservatrice Theresa May a profité d'un discours à Wolverhampton (centre de l'Angleterre) pour taxer d'incompétence le leader de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, incapable à ses yeux de négocier la sortie de l'UE.

S'il devenait premier ministre, il se retrouverait «tout seul et tout nu dans la chambre de négociations de l'Union européenne», a-t-elle lancé, alors que l'avance des conservateurs dans les sondages a fondu ces dernières semaines.

Selon une nouvelle enquête ITV-Survation, les Tories (43%) ne disposent plus que de six points d'avance sur le Labour (37%, en hausse de trois points), contre une vingtaine début mai.