L'Union européenne et la Chine tenteront jeudi soir et vendredi lors d'un sommet à Bruxelles de resserrer leurs liens face aux inquiétudes suscitées par Donald Trump sur le climat et le commerce.

Le président du Conseil européen Donald Tusk et celui de la Commission européenne Jean-Claude Juncker accueilleront le premier ministre chinois Li Keqiang avec l'espoir d'approfondir des positions communes, malgré des désaccords persistants sur les droits de l'homme et le libre-échange.

Ce sommet prend d'autant plus d'importance que la chancelière allemande Angela Merkel a estimé dimanche ne plus pouvoir «compter entièrement» sur ses alliés Londres et Washington, souhaitant que les Européens se battent pour leur «propre futur» et prennent leur «destin en main».

Des propos tenus au lendemain d'un sommet du G7, où l'unité des sept pays parmi les plus riches du monde s'est brisée face à un Donald Trump refusant de s'engager en faveur de l'accord de Paris contre le réchauffement climatique.

Dans ce contexte délicat, Pékin -- premier émetteur mondial de gaz à effet de serre -- et Bruxelles pourraient publier une déclaration commune pour soutenir fermement cet accord.

Une avancée est également espérée sur l'accord d'investissement négocié depuis 2013 par les deux puissances économiques, dont un treizième tour de négociations vient de s'achever.

«Il reste des divergences», concède Li Chenggang, du ministère du Commerce chinois, mais «la position de la Chine est claire: "Nous voulons voir cet accord aboutir rapidement"».

Pour Mats Harborn, le président de la Chambre européenne de Commerce, «une accélération» des discussions «montrerait que la Chine est sérieuse» dans cette négociation.

«Nous voudrions que nos entreprises aient autant accès au marché chinois que les entreprises chinoises ont accès au marché européen», a-t-il expliqué à la chaîne de télévision Bloomberg.

«Torture et détention»

En début d'année, un rapprochement commercial a semblé s'amorcer entre la Chine et l'UE, à la faveur de l'élection de Donald Trump, dont les prises de position protectionnistes suscitaient déjà l'inquiétude.

Au Forum économique mondiale de Davos, le président chinois Xi Jinping -- dirigeant d'un pays encore officiellement communiste -- avait même défendu un libre-échange des biens et capitaux «impossible à arrêter», ainsi qu'une mondialisation «irréversible».

Ce discours avait été particulièrement bien accueilli par les Européens, qui attendent depuis que la Chine «passe de la parole aux actes», selon les propos de la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström.

«Les engagements bienvenus de leur part sur la libéralisation n'ont pas été accompagnés d'actions concrètes», a encore regretté Mme Malmström la semaine passée, preuve que le commerce reste un sujet de discorde.

Parmi les points de friction, le statut d'«économie de marché» que l'UE refuse d'accorder à la Chine, car elle l'accuse de dumping dans certains secteurs comme la sidérurgie.

Ou encore les instruments de défense commerciale que Bruxelles cherche à renforcer précisément pour contrer les pratiques jugées déloyales de Pékin.

D'autres sujets, comme la «militarisation» en mer de Chine, source de tensions régionales, ou la question des droits de l'homme, chagrinent également les Européens.

«Les dirigeants de l'UE doivent tenir leurs promesses et faire en sorte que les droits de l'homme et la libération des militants pacifiques constituent une priorité stratégique majeure dans les relations de l'UE avec la Chine», plaide Lotte Leicht, de l'ONG Human Rights Watch.

Son organisation et plusieurs autres, comme Amnesty International ou Reporters sans Frontières, ont adressé une lettre ouverte à Donald Tusk et Jean-Claude Juncker pour leur demander d'aborder ces questions avec les Chinois.

«La plupart des responsables européens refusent de s'engager publiquement dans des débats tels que l'usage par la Chine de la torture et de la détention arbitraire», regrettent ces ONG dans leur lettre.