L'OTAN a décidé mercredi de rejoindre la coalition internationale contre le groupe djihadiste État islamique (EI) en Irak et en Syrie emmenée par Washington, comme le réclament depuis plus d'un an les États-Unis.

Le nouveau président américain Donald Trump, qui doit participer jeudi à son premier sommet de l'OTAN, espérait arracher cette concession malgré l'opposition de pays comme l'Italie et la France, qui craignent que cela n'écorne l'image de l'Alliance dans le monde arabe.

Chacun des 28 États membres de l'OTAN fait déjà partie à titre individuel de cette coalition mais l'Alliance préférait le statut d'«observateur».

Les États-Unis dirigent cette coalition en menant des raids aériens contre l'EI et en appuyant les offensives terrestres contre les fiefs djihadistes de Mossoul et Raqa.

La décision, prise mercredi au niveau des ambassadeurs des pays de l'OTAN, doit être entérinée par les chefs d'État et de gouvernement de l'Alliance atlantique réunis jeudi à Bruxelles, selon des responsables de l'OTAN.

Donald Trump, qui a un temps jugé l'OTAN «obsolète» avant de se rétracter, compte aussi profiter de ce sommet pour demander aux 27 pays alliés des États-Unis au sein de l'Alliance de faire davantage dans la lutte contre le terrorisme et d'augmenter leurs budgets militaires afin de réduire leur dépendance vis-à-vis de Washington.

Pour Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l'Alliance, une telle initiative renverra «un message fort d'unité», d'autant plus nécessaire après l'attaque «particulièrement brutale» de Manchester (22 morts et 59 blessés), revendiquée par l'EI.

Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson, qui accompagne le chef de la Maison-Blanche dans sa première tournée à l'étranger, avait estimé mercredi «vraiment important» que l'OTAN rejoigne officiellement la coalition contre l'EI.

Trump «très dur»

M. Trump, dont les critiques virulentes de l'Alliance atlantique ont fait craindre en Europe un désengagement de la première puissance militaire mondiale, devrait par ailleurs se montrer «très dur» quand il demandera jeudi à ses 27 partenaires d'augmenter leurs dépenses militaires, a prévenu M. Tillerson.

Il «veut vraiment que les membres de l'OTAN intensifient et remplissent leurs obligations en matière de partage du fardeau» en atteignant l'objectif, fixé en 2014, d'un budget militaire équivalant à 2% du produit intérieur brut d'ici 2024, a insisté le chef de la diplomatie américaine.

Les autres pays de l'Alliance, et particulièrement ses 26 membres européens, espèrent de leur côté que ce sommet sera l'occasion pour M. Trump de réaffirmer l'engagement inconditionnel des États-Unis en faveur de la défense collective, le principe du «tous pour un» en cas d'agression, inscrit à l'Article 5 du Traité de Washington.

«Bien sûr que nous soutenons l'Article 5. La seule fois que l'Article 5 a été invoqué, c'était le 11 septembre 2001», a rappelé M. Tillerson. Il n'a toutefois pas été en mesure de dire si M. Trump donnerait des gages en ce sens pendant la brève allocution qu'il doit prononcer jeudi après-midi.

Une cérémonie est prévue pour la remise des clés du nouveau siège de l'OTAN, dans la banlieue nord de Bruxelles.

La chancelière allemande Angela Merkel doit y dévoiler un morceau du Mur de Berlin, dont la chute, symbole de la fin de la Guerre froide en Europe, «représente la victoire de la liberté sur l'oppression», a affirmé M. Stoltenberg.

Ensuite, M. Trump dévoilera à son tour un débris du World Trade Center, attaqué par al-Qaïda en 2001, ce qui «symbolise la solidarité et notre lutte commune contre le terrorisme», selon M. Stoltenberg.

Photo Francois Lenoir, REUTERS

La reine Mathilde, Donald Trump, le roi Philippe et Melania Trump à Bruxelles.