Des experts du Conseil de l'Europe appellent la Serbie à reconnaître «officiellement» le massacre de Srebrenica en Bosnie comme un «génocide», dans un rapport qui s'inquiète aussi des «discours de haine» proférés par des groupes racistes de supporters de soccer.

«Les dirigeants politiques (serbes) devraient officiellement reconnaître que les massacres commis à Srebrenica constituent un génocide», estime le président de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) du Conseil de l'Europe, le Suédois Christian Ahlund.

En juillet 1995, quelque 8000 hommes et garçons musulmans avaient été tués par les forces serbes de Bosnie à Srebrenica en l'espace de quelques jours. Il s'agit de la pire tuerie commise en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

La commission du Conseil de l'Europe note que «le Parlement et le président (serbes) se sont excusés pour le massacre de Srebrenica. Toutefois, elle déplore le fait qu'aucun d'eux n'a explicitement reconnu que ces massacres constituaient un génocide, comme les ont désignés les tribunaux internationaux».

Le président serbe Tomislav Nikolic, un nationaliste populiste, avait présenté des excuses en avril 2013 à la télévision nationale de Bosnie.

L'ECRI «regrette profondément «la lenteur des» progrès réalisés dans les poursuites et la condamnation du génocide et d'autres crimes de guerre racistes».

«Une telle reconnaissance, ainsi qu'une enquête transparente concernant tous les cas de violences est absolument nécessaire pour être certain que les personnes des différentes communautés ethniques cessent de vivre dans la crainte d'une intimidation et d'une nouvelle vague de crimes de haine», souligne la Commission.

Depuis la fin du conflit en Bosnie (1992-1995), la Serbie refuse de considérer que Srebrenica fut un acte de génocide, comme le fait depuis plusieurs années la justice internationale, et comme l'a répété en mars le Tribunal pénal international de La Haye (TPIY) en condamnant à 40 ans de prison Radovan Karadzic, chef politique des Serbes de Bosnie pendant le conflit.

Arrêté en 2011 après plus de 10 ans de cavale en Serbie, Ratko Mladic, 74 ans, est dans l'attente de son verdict devant le TPIY, attendu en 2017.

Le rapport pointe aussi les groupes de supporters de soccer racistes en Serbie, soulignant le rôle que ces groupes ont «joué dans le déclenchement des récentes guerres dans la région». «Une action plus forte est requise pour combattre le discours de haine», estime l'ECRI qui recommande aux autorités serbes d'interdire ces groupes.