L'Agence américaine de sécurité nationale (NSA) avait prévenu la France du piratage de l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron, a révélé mardi son directeur, qui pointe du doigt la Russie après les tentatives d'ingérence dans la campagne américaine.

«Nous avons vu de l'activité russe. Nous avons parlé à nos homologues français avant l'annonce publique des événements qui ont été attribués publiquement le week-end dernier, et on les a prévenus: "Écoutez, on observe les Russes, nous voyons qu'ils sont en train de pénétrer certaines de vos infrastructures"», a déclaré l'amiral Mike Rogers, directeur de la NSA, le service d'écoute et d'espionnage des États-Unis, lors d'une audition au Sénat américain.

Il n'a pas précisé de quelles «infrastructures» il s'agissait, mais il répondait à une question sur la fuite de documents de l'équipe Macron.

«Voilà ce qu'on a vu, comment peut-on vous aider ?» ont dit les Américains, en substance, aux Français, selon M. Rogers, qui est aussi à la tête du cybercommandement américain.

L'amiral Rogers a ajouté que ses services étaient en contact de la même manière avec les autorités britanniques et allemandes, avant leurs propres échéances électorales cette année.

Il a tracé un parallèle avec le piratage dont ont été victimes le parti démocrate et un proche conseiller d'Hillary Clinton l'an dernier, des attaques qui avaient officiellement été attribuées par Washington à Moscou, accusé de vouloir aider Donald Trump à remporter la Maison-Blanche.

«Les Russes semblent juger que certains dirigeants puissent être plus enclins à soutenir leurs positions», a expliqué le chef espion. «On vient de le voir dans les élections françaises, où il y avait une différence nette entre les deux candidats, entre leurs positions sur la Russie», a-t-il dit, sans mentionner les noms de M. Macron ou de Marine Le Pen.

Des milliers de messages et de documents de l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron ont été diffusés sur les réseaux sociaux vendredi soir, avant-veille du second tour de l'élection présidentielle française, une «action de piratage massive et coordonnée» et une «opération de déstabilisation» selon l'équipe du nouveau chef de l'État français.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête, a-t-on appris dimanche de source proche du dossier, pour «accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données» et «atteinte au secret des correspondances», confiée à la Brigade d'enquêtes sur les fraudes aux technologies de l'information (Befti).