Trois minutes avant l'annonce des résultats de l'élection présidentielle, on pouvait entendre une mouche voler à l'Union française, où une centaine d'électeurs vivant à Montréal étaient rassemblés. Le silence nerveux a fait place à un immense cri de joie quand Emmanuel Macron a été déclaré vainqueur.

« On a vraiment évité le pire ! J'ai pensé jusqu'à la dernière minute que c'était possible que Marine Le Pen gagne », a dit Marie Marquis, soulagée.

Si l'étudiante à l'Université Concordia, originaire de la région des Alpes, a d'abord voté pour le candidat de la droite, François Fillon, elle a peu hésité avant de soutenir le leader du mouvement En Marche ! au second tour de l'élection, et ce, même si elle avoue le trouver un peu trop néolibéral.

« Au moins, il va redonner confiance aux entreprises qui veulent investir en France. » - Marie Marquis

90% POUR MACRON

Un peu plus de 90 % des Français de Montréal qui sont allés voter samedi ont fait le même choix que Mme Marquis. Marine Le Pen a récolté 9,44 % du vote montréalais, et 4,50 % des votes enregistrés étaient soit blancs, soit nuls.

Si en France le taux d'abstention a été le plus élevé depuis 1969, les Français de Montréal ont été plus nombreux à voter samedi qu'au premier tour. En tout, 42,70 % des électeurs inscrits sur les listes consulaires ont exercé leur droit de vote.

Or, plusieurs s'attendaient à un taux de participation moindre à Montréal où près de 30 % de l'électorat avait choisi le candidat de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, au premier tour. Ce dernier ne s'est rallié à aucun candidat et plusieurs de ses partisans à Montréal, comme en France, prônaient l'abstention au second tour.

L'EFFET TRUDEAU

Heureux de voir « son » candidat remporter l'élection dimanche, Christophe Blot, originaire de Champagne, mais vivant à Montréal depuis six ans, notait qu'Emmanuel Macron doit une fière chandelle à Justin Trudeau, à qui le président français désigné, âgé de 39 ans, est souvent comparé.

« Justin Trudeau a été dans la tête des Français pendant cette élection. On s'est dit que c'était possible de voter pour un homme de 40 ans. » - Christophe Blot

D'ailleurs, pendant la campagne, le premier ministre du Canada, qui avait refusé de commenter l'élection présidentielle américaine, a offert à mots couverts son appui à Emmanuel Macron.

Rassemblés au bar La Quincaillerie sur le Plateau Mont-Royal dimanche, les pro-Macron de la métropole étaient de fort bonne humeur, mais pensaient déjà au prochain défi qui les attend : les élections législatives. Pour le moment, le président désigné ne dispose d'aucun député à l'Assemblée nationale. « Aujourd'hui, on fait la fête, mais dès demain, on bosse. On a une législative à gagner et une majorité gouvernementale à aller chercher », a dit dimanche Roland Lescure, ancien numéro deux de la Caisse de dépôt, qui a quitté son poste pour se rallier à la campagne d'Emmanuel Macron.

PAS DE SURPRISE CHEZ LES FRONTISTES

Joint par La Presse aux États-Unis, le porte-parole du Front national en Amérique du Nord, Denis Franceskin, a affirmé que les faibles appuis qu'a récoltés Marine Le Pen en Amérique du Nord ne sont pas surprenants. « L'Amérique du Nord n'est pas un terreau facile pour nous. Mais il y a une note d'espoir. En tout, 11 millions d'électeurs ont choisi Marine Le Pen en France et à l'étranger. À partir de demain [aujourd'hui], elle sera à la tête de l'opposition et ralliera les patriotes contre les mondialistes », a dit M. Franceskin.

Parmi toutes les villes nord-américaines, c'est à Québec que Marine Le Pen a fait son meilleur score.

Pour leur part, les électeurs français aux États-Unis ont assené une défaite encore plus cuisante à la figure de proue du Front national que leurs pairs au Canada. Dans l'ensemble du pays de l'Oncle Sam, Emmanuel Macron a récolté 93 % des voix.

Photo Robert Skinner, La Presse

Avant l'annonce des résultats, on pouvait entendre une mouche voler à l'Union française. Après, c'était les explosions de joie.

Photo Robert Skinner, La Presse

« Aujourd'hui, on fait la fête, mais dès demain, on bosse. On a une législative à gagner et une majorité gouvernementale à aller chercher », a dit Roland Lescure.