Le président turc Recep Tayyip Erdogan a tiré jeudi une nouvelle salve en direction de l'Europe, affirmant qu'il voyait en elle un «continent en train de pourrir» et le «centre du nazisme».

«L'Europe n'a désormais plus rien à nous dire, ni à nous ni à personne d'autre. Nous avons en face de nous un continent en train de pourrir», a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Balikesir (nord-ouest).

«Les partis racistes tiennent les dirigeants et les gouvernements européens dans le creux de leur main», a-t-il poursuivi.

«L'Europe n'est plus le centre de la démocratie, des droits de l'Homme et des libertés, mais celui des pressions, de la violence et du nazisme», selon lui.

Ces déclarations surviennent après des semaines d'échanges houleux entre l'Union européenne et la Turquie, après l'annulation de rassemblements pro-Erdogan dans plusieurs pays européens, notamment l'Allemagne et les Pays-Bas.

À 10 jours d'un référendum aussi crucial que serré sur une réforme constitutionnelle renforçant ses pouvoirs présidentiels, M. Erdogan entend, avec ces dernières piques, capitaliser sur l'indignation suscitée en Turquie par l'interdiction des rassemblements en Europe.

Mais cette rhétorique a envenimé les rapports entre la Turquie et l'UE, deux partenaires commerciaux importants qui coopèrent sur la question migratoire et sur le dossier de la lutte antiterroriste.

Ces dernières semaines, les dirigeants turcs ont à plusieurs reprises menacé de ne plus appliquer un pacte conclu l'année dernière qui a permis d'assécher le flux de passages clandestins vers les îles grecques depuis la Turquie.

Et M. Erdogan a évoqué le mois dernier la possibilité d'une consultation populaire afin de décider de poursuivre ou non les négociations d'adhésion à l'UE, au point mort depuis plusieurs années.