L'Irlande du Nord pourrait être administrée pour la première fois depuis dix ans directement depuis Londres, après l'échec confirmé des pourparlers en vue de la formation d'un nouveau gouvernement de coalition lundi.

Les deux principaux partis de la région britannique semi-autonome, les républicains du Sinn Fein et les unionistes du DUP, ont annoncé tous deux qu'aucun accord n'était possible d'ici l'heure butoir fixée lundi à 15 h GMT (11 h, HE).

« Les pourparlers ont échoué », a commenté la dirigeante du DUP et première ministre sortante, Arlene Foster, en rejetant aussitôt la faute sur le Sinn Fein. Le DUP, a-t-elle dit, « était déterminé à former un gouvernement de coalition aujourd'hui mais le Sinn Fein a quitté la table des négociations ».

Le ministre britannique chargé de l'Irlande du Nord a enjoint les partenaires de la coalition gouvernementale nord-irlandaise de profiter d'une « petite fenêtre de tir » et de poursuivre leurs négociations pour régler la crise qui les oppose.

« Il y a une petite fenêtre de tir de quelques courtes semaines » pour trouver un accord réglant la crise gouvernementale entre les nationalistes du Sinn Fein et les unionistes du DUP, a déclaré James Brokenshire à Belfast, à l'expiration d'un premier délai fixé pour la fin de ces discussions.

La dirigeante du Sinn Fein Michelle O'Neill avait indiqué dès dimanche soir que les discussions étaient arrivées « en fin de course » et que le parti nationaliste ne ferait pas de proposition pour la désignation du président ou de l'équipe gouvernementale.

Les discussions dans l'impasse, la balle est désormais dans le camp du ministre britannique pour l'Irlande du Nord James Brokenshire à qui s'offrent trois options : prolonger la période de négociations, convoquer de nouvelles élections ou décréter un retour au « direct rule », c'est-à-dire à l'administration de la province directement depuis Londres, en l'absence d'un exécutif régional fonctionnel.

L'administration depuis Londres était le système en vigueur pendant les trente ans de conflit interconfessionnel qui ont fait plus de 3000 morts en Irlande du Nord.

L'Accord de la paix de 1998 a abouti à la mise en place d'une coalition obligatoire entre unionistes et nationalistes, un mode de gouvernance qui a dû être suspendu à plusieurs reprises par Londres, la dernière fois en 2007.

La région est plongée dans une crise politique depuis la démission du prédécesseur de Mme O'Neill, Martin McGuinness, à la suite de dissensions sur la gestion par Arlene Foster d'un programme de subventions aux énergies renouvelables.

Le départ de M. McGuinness, qui est mort mardi d'une maladie cardiaque, avait entraîné l'organisation de nouvelles élections le 2 mars. Le DUP, favorable à l'union avec la Grande-Bretagne, avait terminé en tête mais cédé du terrain face au Sinn Fein, partisan d'une unification de l'Irlande.

Le DUP avait remporté 28 des 90 sièges de l'assemblée régionale, contre 27 pour le Sinn Fein. À l'issue du scrutin, les deux partis avaient trois semaines pour former un nouveau gouvernement de coalition.