Penelope Fillon, l'épouse du candidat de la droite à l'élection présidentielle française, est sortie de son silence pour apporter un soutien total à François Fillon et pour nier avoir bénéficié d'emplois fictifs.

Dans un long entretien à l'hebdomadaire Le Journal du Dimanche, Mme Fillon prend publiquement la parole pour la première fois depuis que l'affaire des soupçons d'emplois fictifs a éclaté, au moment où la campagne de son mari est menacée par une série de revers.

«Moi, je lui ai dit qu'il fallait continuer jusqu'au bout. Chaque jour, je lui ai dit ça» mais «c'est lui qui décidera», déclare Penelope Fillon.

«Il n'y a que lui qui peut être président. Être capable d'endurer ça, c'est une preuve de courage remarquable. C'est le seul candidat qui ait l'expérience, la vision, le projet et la détermination nécessaire pour diriger la France», estime-t-elle.

Mme Fillon précise que son mari ne lui a «pas demandé» de parler et qu'elle ne lui a «pas demandé la permission non plus».

Originaire du Pays de Galles, elle déclare s'être longtemps «renfermée dans (sa) coquille galloise» face à «l'hystérie» provoquée par les informations de l'hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné sur de possibles emplois fictifs, notamment comme collaboratrice parlementaire de son époux.

Elle dit avoir choisi d'accorder cette interview au JDD pour «mettre un terme» aux «rumeurs folles» la donnant hospitalisée ou encore partie du domicile conjugal.

«Je suis là, j'ai toujours été là, je serai toujours là. Je suis avec François depuis 36 ans et je serai encore là tout le temps qu'il nous reste à vivre», déclare Penelope Fillon.

Sa foi en Dieu, assure-t-elle encore, lui a permis de tenir face à cet «immense scandale» où elle s'est «sentie traversée par la foudre». «C'est ce que j'ai vécu de pire dans ma vie», confie cette femme qui se dit «de nature réservée et peu mondaine».

«Tâches très variées»

L'interview-surprise dans le JDD de Mme Fillon - le secret a été gardé jusque tard dans la soirée - tombe le jour où doit se tenir un grand rassemblement des partisans de M. Fillon sur la place du Trocadéro à Paris. Le couple est lancé dans ce qui semble être une opération de la dernière chance pour rester dans la course de l'élection présidentielle.

Un simple baroud d'honneur, croient au contraire nombre de dirigeants du parti Les Républicains (LR), la formation de François Fillon.

M. Fillon, menacé par une possible inculpation, est affaibli par la récente défection de dizaines d'élus qui ont déclaré cesser de le soutenir. Beaucoup souhaitent qu'il renonce pour le remplacer par un autre candidat. Une réunion cruciale du comité politique des Républicains est convoquée pour lundi soir.

Revenant sur les accusations dont elle fait l'objet - emplois supposés fictifs comme assistante parlementaire et pour la publication La Revue des Deux Mondes -, Penelope Fillon affirme au JDD avoir bel et bien effectué des «tâches très variées».

«J'ai fait donner par mon avocat des documents aux enquêteurs», déclare Mme Fillon, «des courriers avec des notations prouvant qu'ils étaient passés par moi, des échanges de mails avec les autres collaborateurs de mon mari».

Elle dit avoir «retrouvé beaucoup de documents pour la période 2012-2013», mais elle en a «peu pour les années antérieures à 2007». «Qui garde des documents de ce genre datant d'il y a dix, quinze ou vingt ans ?», demande-t-elle.

«Je sais qu'on a raconté que je n'étais pas au courant» des montants touchés et des dates, «bien sûr que je comprenais ce que je signais quand je signais des contrats», s'exclame-t-elle.

Elle rappelle qu'elle a fait «des études de droit et de littérature». «Cela m'a choquée qu'on puisse penser que j'étais une ignorante et une imbécile. Mais je pouvais supporter ça».

«Ce que je ne peux pas supporter, c'est l'insulte envers mon mari que cela induit. François a un très grand respect pour les femmes en général et pour moi en particulier. C'est ce qui me pousse à répondre», déclare Penelope Fillon au JDD.