L'ex-premier ministre britannique John Major a qualifié lundi la sortie de l'Union européenne d'« erreur historique » et mis en garde le gouvernement de Theresa May contre un Brexit « dur » qui risque de nuire surtout aux plus défavorisés.

L'ancien leader conservateur a souligné que le gouvernement ne pouvait « pas ignorer la décision » des Britanniques qui ont voté à 52 % pour quitter l'UE lors du référendum du 23 juin 2016. Le résultat est « irréversible », a-t-il dit.

« Mais un Brexit dur, comme celui vers lequel on semble s'orienter, est une stratégie à haut risque », a-t-il insisté lors d'un discours au cercle de réflexion Chatham House, sa première intervention publique depuis le référendum.

« J'observe avec une inquiétude croissante qu'on laisse miroiter aux Britanniques un avenir en dehors de l'UE qui semble irréaliste et beaucoup trop optimiste. Il y a un vrai risque que l'accord final soit très en dessous des espoirs et des attentes », a déclaré John Major, premier ministre entre 1990 et 1997.

Selon lui, « il y a peu de chances que le Royaume-Uni réussisse à obtenir un aussi bon accord qu'en restant au sein du marché unique ».

« Ma pire crainte est que ce seront les plus défavorisés, ceux qui sont les moins en mesure de se protéger qui seront les premiers affectés », a-t-il ajouté.

L'ancien premier ministre a conseillé au gouvernement et à la première ministre Theresa May de ne pas faire preuve d'une arrogance démesurée au moment de commencer prochainement les négociations avec ses partenaires européens.

« Derrière les amabilités diplomatiques, l'ambiance a déjà viré à l'aigre. Un peu plus de charme et un peu moins de rhétorique bon marché seraient plus utiles aux intérêts britanniques », a-t-il réclamé.

Le Brexit a « alimenté le nationalisme anti-UE et anti-immigration dans d'autres pays européens comme la France, l'Allemagne et les Pays-Bas [...] c'est un poison pour tout système politique », a-t-il ajouté, estimant toutefois que l'UE « survivra ».

John Major a également critiqué le nouveau président américain Donald Trump en constatant que le Royaume-Uni « devient davantage dépendant des États-Unis à un moment où le président [américain] est moins prévisible, moins fiable et moins à l'écoute des intérêts britanniques que tous ses prédécesseurs ».