Le député néerlandais d'extrême droite et anti-islam Geert Wilders a lancé samedi sa campagne pour les législatives du mois de mars par une attaque contre «la racaille marocaine» dont il a dit vouloir débarrasser le pays pour «le rendre au peuple néerlandais».

«La racaille marocaine en Hollande... bien sûr, ce ne sont pas tous de la racaille, mais il y en a beaucoup, qui rendent nos rues dangereuses, principalement des jeunes... et il faut que ça change», a déclaré Geert Wilders à la presse avant un bain de foule dans la petite ville de Spijkenisse, au sud de Rotterdam.

Geert Wilders est donné en tête par les sondages pour les élections du 15 mars au cours desquelles les Néerlandais sont appelés à renouveler le Parlement.

«Si vous voulez récupérer votre pays, si vous voulez faire des Pays-Bas un pays pour les Néerlandais, votre pays, alors votez» pour le Parti de la Liberté (PVV), a-t-il lancé.

Selon les derniers sondages, le PVV pourrait remporter 24 à 28 sièges, devançant ainsi de deux à quatre sièges l'actuel parti au pouvoir, le parti libéral du premier ministre Mark Rutte. Le parlement néerlandais compte 150 sièges.

À la question de savoir qui sont ses électeurs, M. Wilders a répondu: «Chaque Néerlandais ayant du bon sens ... et heureusement, nous avons beaucoup de gens avec du bon sens». «Les Néerlandais voulant récupérer leur pays voteront pour nous indépendamment de leur éducation ou de leur passé», a-t-il ajouté.

En décembre 2016, le député, qui prône l'interdiction du Coran et la fermeture des mosquées, avait été jugé coupable par un tribunal d'incitation à la discrimination pour des déclarations à propos des Marocains vivant aux Pays-Bas. En 2014, le député avait demandé à des sympathisants s'ils voulaient «plus ou moins de Marocains» dans leur ville et aux Pays-Bas.

«Nous allons tous voter pour Wilders cette année», a déclaré l'un de ses partisans, Danny, 59 ans, qui a refusé de donner son nom de famille, car «c'est dangereux dans ce pays ces jours-ci».

Les prises de position de M. Wilders contre l'islam lui ont valu plusieurs menaces de mort notamment du groupe Etat islamique et d'Al-Qaïda. Sous protection policière permanente, il est considéré comme «l'homme le mieux protégé des Pays-Bas».

Martin Bosma, également député du PVV et considéré comme le bras droit de M. Wilders, a déclaré à l'AFP que son parti en cas de victoire aux élections rechercherait des partenaires pour former une coalition. Mais il a reconnu que «ce serait très difficile», car la majorité des grands partis politiques du pays - dont le VVD du premier ministre Mark Rutte - refusent de travailler avec le PVV depuis les déclarations de M. Wilders à propos des Marocains et le verdict du tribunal.

«Geert Wilders divise les gens», s'est exclamé un passant, Theo de Boer, 50 ans. «Il fait de la discrimination et je suis totalement en désaccord avec lui. Nous avons une Constitution et la liberté de religion est l'un de ses plus importants fondements».

Les polémiques se sont poursuivies dans la foule après le départ du dirigeant d'extrême droite.

«Geert ose dire tout haut ce qu'un tas de Néerlandais pensent tout bas et c'est une bonne chose», a estimé une poissonnière, Marianne Sleurink, 60 ans. «Mais il cause beaucoup de haine et n'a pas de vraie solution» et «ses chances de gouverner sont minces, car personne ne veut vraiment cela».