Une «explosion» s'est produite jeudi dans une zone non nucléaire de la centrale française de Flamanville (nord-ouest), un incident vite maîtrisé et sans blessé grave, selon les autorités, mais qui relance le débat sur la sécurité du parc nucléaire national.

L'exploitant de la centrale, le groupe EDF, qui conteste le terme d'explosion, a expliqué avoir constaté «un départ de feu ce matin dans la salle des machines de la tranche 1 de la centrale de Flamanville, qui a entraîné une détonation». La production de l'un des deux réacteurs a dans la foulée été arrêtée.

La centrale de Flamanville, en service depuis les années 1980, compte deux réacteurs habituellement en fonctionnement et un troisième en cours de construction, le réacteur EPR nucléaire de troisième génération, qui connaît de nombreux déboires en France comme à l'étranger.

Cet «incident technique significatif» n'est «pas un accident nucléaire», ont affirmé les autorités locales.

«Cinq personnes ont été légèrement incommodées par des dégagements de fumée. Elles sont indemnes», a déclaré à l'AFP le représentant local de l'État, Jacques Witkowski, soulignant «l'absence de tout risque nucléaire».

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française a informé l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qu'une explosion était survenue dans la zone non nucléaire de la centrale de Flamanville, a rapporté l'AIEA.

Cet incident ne sera donc «pas classé sur l'échelle internationale des incidents nucléaires», a précisé à l'AFP le gendarme du nucléaire français

Le candidat écologiste à la présidentielle française, Yannick Jadot, a néanmoins jugé que «chaque nouvel incident est une démonstration supplémentaire qu'il faut sortir de nucléaire» et développer les énergies renouvelables.

Selon Neil Hyatt, professeur de gestion des déchets nucléaires à l'université britannique de Sheffield, «tout incident de cette nature dans une centrale nucléaire est très sérieux», même en l'absence de fuite radioactive.

En revanche, pour Barry Marsden, professeur de technologie nucléaire à l'université de Manchester (Royaume-Uni), les «explosions et les feux ne sont pas exceptionnels sur les installations industrielles».

Avec 58 réacteurs répartis sur 19 sites, la France a le deuxième parc nucléaire le plus important au monde, derrière les États-Unis. La doyenne des centrales, à Fessenheim, à la frontière de la Suisse et de l'Allemagne, doit être fermée à l'horizon 2018, lorsqu'EDF prévoit de mettre en service le réacteur EPR de Flamanville.

Le nucléaire est actuellement la première source de production d'électricité du pays, à hauteur d'environ 75 %. Le gouvernement souhaite ramener cette part à 50 % à l'horizon 2025.